La lettre de la SIHFLES
ISSN 1253-1959

n° 47 - janvier 2002


Dans ce numéro :

Pour toute information à faire paraître dans la Lettre de la SIHFLES, s'adresser à Brigitte Lépinette, secrétaire générale de la SIHFLES, responsable de cette publication. Mél. Lepinet@uv.es

Siège de la SIHFLES :

Ecole normale supérieure Lettres et Sciences Humaines
Parvis René Descartes

F- 69007 LYON


Editorial

    15 décembre 2001, l’assemblée générale a renouvelé le conseil d’administration et a élu un nouveau bureau pour la SIHFLES.  En tant que nouvelle présidente, je tourne mes regards vers le passé proche et adresse mes vifs remerciements à Juan Garcia Bascuñana qui a présidé notre société pendant les quatre dernières années.  Sous sa présidence, la vie de la SIHFLES a été riche et remarquable: trois importants colloques ont eu lieu, à Sintra (Portugal) en octobre 1998 sur l’enseignement de la langue et de la littérature françaises dans la seconde moitié du XIXe siècle, à Utrecht (Pays-Bas) en décembre 1999 sur les changements politiques et le statut des langues 1780-1945 et à Palerme (Sicile, Italie) sur l’histoire de l’enseignement du français langue étrangère et seconde dans le bassin méditerranéen, en octobre 2001. En outre, en décembre 2000, une journée d’études sur les grammaires, organisée par nos membres de Belgique nous a réunis à Lyon.  Merci à  tous les organisateurs qui ont su conjuguer convivialité et travail scientifique;  merci aussi à tous ceux qui ont investi de leur temps et de leur énergie pour l’association, qu’ils soient ou non membres du bureau ou du conseil d’administration.

    Les activités scientifiques de la SIHFLES ont bien une dimension internationale, par ses membres, par les lieux de rencontre et par les sujets concernés. Le dernier colloque a élargi cette dimension en centrant les travaux sur le bassin méditerranéen, déjà présent lors de colloques précédents. L’ancrage chronologique des travaux ont souvent privilégié, ces dernières années, les XIXe et XXe siècles. Aussi, tournant nos regards vers le futur proche, nous nous réjouissons des ouvertures proposées par les projets qui nous occuperont les prochaines années. Ainsi, l’équipe italienne offre un travail de recherche commune et très prometteur sur Fénelon, à réaliser pour 2003 et le colloque ultérieur de Valencia (Espagne) portera sur les maîtres de langues et leur bagage linguistique et culturel. La diversité des thèmes, des périodes et des pays abordés par les travaux de la SIHFLES ne saurait nous faire oublier les aspects méthodologiques de nos recherches et les interrogations sur la pertinence des sujets, les modèles d’interprétation et leur implication idéologique.

    Avec une périodicité d’une année et demie à deux ans pour les grands colloques, il semble souhaitable de conserver le rythme d’une ou, le cas échéant, deux rencontres par an, à Paris ou à Lyon (mais pourquoi pas dans une autre ville d’accueil pour réunir le conseil d’administration et l’assemblée générale et, à cette occasion, tenir un séminaire de recherche ou la rencontre entre chercheurs aurait une place centrale. Ainsi l’on pourrait présenter les apports de travaux en cours, qu’ils soient individuels ou d’équipe, les questions méthodologiques rencontrées et les pratiques originales de l’un ou l’autre, susceptibles d’être commentées et expérimentées ailleurs. La curiosité de chacun pourrait s’y donner libre cours.

    En matière de communication, chacun a pu constater l’apport bénéfique et judicieux de La Lettre, dans sa nouvelle formule, avec ses informations plurielles et ses articles utiles pour faciliter l’initiation au vaste champ d’étude de l’histoire du français langue étrangère et seconde. En consultant le site web des associations de français langue étrangère : http://fle.asso.free.fr  (/sihfles) vous pourrez être au courant des dernières informations concernant notre association.  Inscrivez-le dans la liste de vos sites favoris et n’hésitez pas à nous transmettre toute information susceptible d’intéresser nos membres.

    Enfin, le champ de notre association étant par essence inter- ou pluridisciplinaire, nous faisons appel à nos membres pour faire connaître les activités de la SIHFLES auprès de leurs collègues et des départements de leurs universités concernés par nos disciplines. Faites acheter Documents par vos bibliothèques facultaires ou universitaires. Incitez vos collègues à  participer aux colloques, à devenir membres de la SIHFLES, à lancer des groupes de travail interdisciplinaires. Langue et culture dans leurs relations internes et externes sont au coeur des préoccupations contemporaines tant au niveau des individus qu’au niveau des sociétés. Puissions-nous contribuer à éclairer ce champ d’interaction par l’apport de notre regard historique.

Marie-Christine Kok Escalle


La vie de la SIHFLES

L'assemblée générale s'est tenue le samedi 15 décembre 2001 à Lyon (ENS Lettres et Sciences humaines), avec l'assistance de 15 membres. 14 autres ont été représentés.

1/ L'assemblée a tout d'abord procédé au renouvellement du bureau et a élu ou réélu les membres suivants:

2/ Le trésorier, Daniel Coste, a présenté le rapport financier pour l'année 2001 (voir en annexe) ainsi que le budget prévisionnel pour 2002 qui ont été approuvés à l'unanimité. L'AG mandate le trésorier pour l'établissement du bilan final au 31 décembre 2001.

3/ La secrétaire générale, B. Lépinette informe que le nº 26 des Documents de la SIHFLES correspondant à juin 2001 qui sera envoyé en février. Le nº 27 (actes de la journée d'étude consacrée à la syntaxe) aura pour date décembre 2001. Les numéros 28 et 29 - qui paraîtront fin 2002 - incluront les textes présentés lors du congrès de Palerme.

    La prochaine réunion du C.A. aura lieu le 8 juin à Paris (INALCO, Université Paris IX-Dauphine, Place du Maréchal de Lattre de Tassigny, 16e, métro Porte Dauphine, RER C Avenue Foch). Les 13 et 14 décembre 2002, les membres de la SIHFLES de Lyon organiseront une journée d'étude qui suivra la réunion de l'assemblée générale annuelle. Au printemps 2003, l'Italie sera de nouveau le lieu de réunion des sihflesiens. Cette fois, ce sera pour un congrès sur Fénelon. Enfin, le congrès de Valence (Espagne), initialement prévu pour 2002, devrait avoir lieu en 2004.

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Les fondamentaux
ou

Revisiter les classiques

Dans la Lettre de la Sihfles nº 45, nous avons annoncé une nouvelle rubrique intitulée 'Les fondamentaux', grâce à laquelle périodiquement nous revisiterons nos classiques. Nous porterons ainsi, à la lumière des publications récentes, un regard neuf sur les textes fondateurs du domaine de l'enseignement du français à l'étranger, réévaluant leurs apports et le rôle qu'ils ont joué et jouent encore de nos jours. Dans le numéro 46, Marie-Christine Kok Escalle a présenté K.J. Riemens.  Douglas A. Kibbee relit dans ce numéro Kathleen Lambley.

Kathleen Lambley:
The Teaching and cultivation of the French language in England during Tudor and Stuart times (1920)

    J’ouvre de nouveau The Teaching and cultivation of the French language in England during Tudor and Stuart times et je retrouve un vieil ami après une longue absence.  

    Ce chef d’oeuvre est encore actuellement la base indispensable à tout chercheur qui s’intéresse à l’enseignement du français du XIIIe au XVIIe siècle.   C’est en Angleterre que les premiers textes sur la langue française ont été produits : déjà au XIIIe siècle, ont vu le jour des lexiques classés, parfois en vers, et des listes de conjugaisons; au XIVe, des traités d’orthographe et des recueils de dialogues; au XVe, des grammaires dans le style catachétique de Donat.  Le point culminant de cette évolution est l’énorme grammaire et dictionnaire (mille pages!) de John Palsgrave (1530).

    Aux XIIe et XIIIe siècles, le français était toujours une langue maternelle pour certains des habitants des Iles britanniques; au XIVe, il a le statut de langue seconde et au XVe, celui de langue étrangère. Les Anglais anglophones avaient pendant cette période de bonnes raisons pratiques pour apprendre le français : au cours du XIIIe siècle cette langue remplaça le latin dans certaines fonctions juridiques et le commerce avec le continent se faisait en français. La norme proposée dans les manuels dépend du but visé: anglo-français dans le premier cas, qui deviendra le “Law French”, un jargon calomnié jusqu’à son exclusion des cours de justice en 1731; ou “droit franceys de Paris”, dont le prestige s’annonce très tôt, favorisé par les vagues de courtisans qui arrivent au cours du XIIe siècle.

    Le dernier roi dont le français fut la langue maternelle meurt à la fin du XIVe siècle mais les souverains et la haute noblesse conservent un bon niveau en français comme marque de leur classe. Henri VIII, deuxième roi de la dynastie des Tudor, composait des vers en français, et utilisait cette langue dans ses lettres d’amour à la malheureuse Anne Boleyn (décapitée pour adultère en 1536). La fille d’Anne Boleyn, Elisabeth I, avait une maîtrise exceptionnelle du français ainsi que de plusieurs autres langues.

    Dans ce livre extraordinaire de Kathleen Lambley nous retrouvons ce monde où  la connaissance du français était presque obligatoire. La dynastie des Tudor (1485-1603) et celle des Stuart (1603-1714) marquèrent l’essor de la gallomanie en Angleterre. Pendant la guerre civile, le roi Charles II se réfugia en France. Après la restauration (1660) il fit tout pour encourager la mode française et la langue française. George Farquhar se moque de cette gallomanie dans sa pièce The Constant Couple, dans laquelle un marquis français demande au public anglais:

Vat have you English, dat you call your own,
Vat have you of grand plaisir in dis towne,
Vidout it come from France?
[...]
your wine, your dress, your dance,
Tis all, you zee,
tout à-la-mode de France

    Cette gallomanie est nourrie par une série de manuels, grammaires et dictionnaires, ainsi que par la tradition du “grand tour”, un séjour en France de plusieurs mois, ou même de plusieurs années. A partir du milieu du XVIe siècle des maîtres français, parfois des réfugiés des guerres de religion, s’installent à Londres : les manuels de Claude de Sainliens, mort en 1598, seront réédités jusque dans les années 1660. Le dictionnaire de Randle Cotgrave (1611) aura quatre autres éditions, la dernière en 1673. Le manuel de Claude Mauger (1653)[i] a connu plus de vingt éditions. 

    Mme Lambley retrace cette évolution de plusieurs points de vue : présence et rôle du français dans les couches supérieures de la société anglaise ; nature des textes destinés à l’enseignement du français ; pédagogie employée par les maîtres. De manière magistrale, elle établit les liens entre la pédagogie et le contexte social et l’analyse de ce contexte reste la meilleure dont nous disposons pour la période qu’elle a étudiée (1485-1714). Deux appendices  contiennent chacun une liste des ouvrages parus en Angleterre sur la langue française, des origines à 1700.

    On ne peut s’étonner que 80 ans de recherches ait fourni quelques précisions ou ait amené à faire certaines rectifications, à commencer par les listes d’ouvrages au sujet desquelles nous signalons la réimpression de la chronologie des textes concernant la langue française d’Edmund Stengel, avec les additions et corrections de H.-J. Niederehe (1976).  Une analyse des grammaires – plus détaillée - est incluse dans ma propre étude (1991), et une autre de la lexicographie de John Palsgrave dans le remarquable John Palsgrave as Renaissance Linguist de Gabriele Stein (1997). 

    Les plus grands progrès se situent dans le domaine de l’étude des textes médiévaux.  Mme Lambley n’eut pas accès aux éditions de textes anglo-normands qui sont disponibles aujourd’hui ; pour Bibbesworth elle dut se contenter de l’édition très déficiente de Thomas Wright, publiée en 1843.  Le nombre et la qualité des éditions de manuscrits nous fournissent un tableau plus riche de l’interaction du français et de l’anglais depuis la Conquête jusqu’au passage du français au statut de langue seconde. Depuis une vingtaine d’années l’Anglo-Norman Text Society (ANTS) a publié de nombreux textes, dont plusieurs concernent l’enseignement du français en Angleterre: la Orthographia Gallica, édité par R. C. Johnston (1987),  Le tretiz de Walter de Bibbesworth, par William Rothwell (1990), Liber Donati, par Brian Merrilees et Beata Sitarz-Fitzpatrick (1993), et les Manières de langage par Andres Kristol (1995). Ajoutons que Pierre Swiggers a préparé une nouvelle édition de la grammaire de John Barton (1985). La ANTS a également publié le Anglo-Norman Dictionary, dirigé par William Rothwell, ainsi qu’une bibliographie des textes et manuscrits anglo-normands préparée par Ruth Dean et Maureen Boulton (1999).   Nous profitons également, à l’heure actuelle, de nouvelles recherches en sociolinguistique historique, par exemple, Sprache und Gesellschaft im Mittelalter de Michael Richter (1979) et El uso del inglés y francés en la Inglaterra normanda y plantagenet (1066-1399) de Luis Iglesias-Rabade (1992). 

    Pour ce qui est de l’importance du français chez les nobles aux XVIe et XVIIe siècles, le travail de Mme Lambley reste sans pair.  Nos contemporains traiteraient peut-être d’élitiste cette façon de présenter l’histoire du français en Angleterre, mais nous sommes obligés de reconnaître qu’il s’agit d’une langue de prestige, dont la connaissance est la marque d’une élite. Il faut signaler que l’auteur  aborde ces questions du point de vue de l’historien plutôt que de celui du linguiste, comme nous le révèlent certaines remarques, par exemple, lorsqu’elle explique pourquoi le français a vaincu l’italien et l’espagnol dans la concurrence de l’époque élisabethaine: “the inherent merits of French, with its particular genius for precision and clarity, easily won the day”.  La  sensibilité linguistique actuelle ne nous permettrait pas d’avancer une telle explication.

    Quatre-vingts ans après sa publication, le livre de Mme Lambley est toujours un trésor inépuisable de données utiles; comme un bon roman, chaque lecture nous offre de nouvelles matières à réflexion.  Retrouver ce vieil ami a été un vrai plaisir.

Douglas A. Kibbee

Bibliographie

puce

Bouton, Charles P. 1972 Les grammaires françaises de Claude Mauger à l'usage des Anglais Paris: Klincksieck.

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Cotgrave, Randle 1611 A dictionarie of the french and english Tongues Londres

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Iglesias-Rabade, Luis 1992 El uso del inglés y francés en la Inglaterra normanda y plantagenet (1066-1399) (Santiago de Compostela, Universidade de Santiago de Compostela.

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Kibbee, Douglas A. 1985 «John Palsgrave's "l'Eclaircissement de la langue françoyse" (1530)» Historiographia linguistica XII, 1/2: 27-62.

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Kibbee, Douglas A. 1987 «Bilingual Lexicography in the Renaissance : Palsgrave's English-French Lexicon (1530)» (Eds: H. Aarsleff, L.G. Kelly & H.-J. Niederehe) Papers in the History of Linguistics. Amsterdam/Philadelphia: J. Benjamins, 179-188.

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Kibbee, Douglas A. 1989 «Enseigner la prononciation du français au XVIe siècle» Documents pour l'Histoire du Français Langue Etrangère ou Seconde 3:15-20.

puce

Kibbee, Douglas A. 1991 For to speke frenche trewely. The french Language in England, 1000-1600. Its status, Description, and Instruction. Amsterdam/ Philadelphia-Philadelphia: John Benjamins.

puce

Lambley, Kathleen 1920 The Teaching and Cultivation of the French Language in England during Tudor and Stuart Times, with an Introductory Chapter on the preceding period Manchester-London: University Press.

puce

Mauger, Claude 1653 The true advancement of the French tongue Londres: Thomas Roycroft,

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------------------- 1656 Mauger's French Grammar Londres: Allestree.

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Niederehe, Hans-Josef 1976 Chronologisches Verzeichnis französischer Grammatiken Amsterdam, John Benjamins.

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Palsgrave, John 1530 [1972] Lesclarcissement de la langue françoyse Genève: Slatkine Reprints.

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Richter, Michael 1979 Sprache und Gesellschaft im Mittelalter Stuttgart: Hiersem

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Stein, Gabriele 1997 John Palsgrave as Renaissance Linguist de Oxford, Clarendon Press.

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Swiggers, Pierre 1985 "Le Donait francois, la Plus Ancienne Grammaire du français" Revue des Langues Romanes 89(2):235-251.

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La SIHFLES au singulier

Nous connaître : Jean Caravolas (1927, Le Caire)

    Cette rubrique, dans laquelle sont déjà apparus G. Hassler et A. Bandelier, se donne pour but de présenter aux membres de la SIHFLES, certains d'entre eux qui ont bien voulu répondre au questionnaire qui leur a été envoyé.

    La SIHFLES regroupe des professeurs et des chercheurs venus d’horizons très divers, dont la formation et les trajectoires professionnelles sont souvent spécifiques du pays qui est le leur, peu ou mal connues donc des autres membres. De même, les recherches dans notre domaine, malgré notre appartenance commune à la SIHFLES, recouvrent rarement des domaines identiques. La vie professionnelle et scientifique de chaque shiflesien est donc unique et, à sa manière, exemplaire. La SIHFLES est ainsi, sans doute plus que d’autres associations scientifiques internationales dont les objets d’études sont plus étroitement délimités, le lieu d'une diversité qui en fait sa richesse.

    Pour cette raison, il nous semble intéressant de faire connaître, en même temps que les différentes perspectives ­linguistiques et historiques – dans lesquelles le français hors de France peut être étudié, la vie des personnes qui, à l'étranger, sont responsables de travaux pour nous tous importants.

Jean A. CARAVOLAS, Montréal

Enfance et études

    Je suis né en 1927, au Caire, en Égypte, de parents grecs. Ma mère me dit que je suis venu au monde le 1er mai, à  l’aube, aux chants des fêtards qui rentraient en fiacre de la campagne où ils étaient allés cueillir, selon la tradition, des fleurs. Mon certificat de baptême porte cependant la date du 14 mai, selon le calendrier grégorien adopté par le patriarcat grec orthodoxe d’Alexandrie le 1er octobre 1928, quand j’avais déjà plus d’un an. Je préfère le 1er mai, fête des fleurs et des travailleurs. C’est cette date que j’utilise.

    Quand j’avais quatre ans et demi, maman m’envoya chez Madame Apostolia qui, pour quelques piastres par mois, enseignait aux enfants grecs du voisinage à lire, à écrire, à compter et à dire quelques phrases en français. Lorsque je suis arrivé à l’école élémentaire, le maître s’aperçut que je maîtrisais déjà la matière de la première année et on m’a fait tout de suite sauter une classe. A quinze ans et demi, il a fallu quitter l’école et aller chercher un emploi. J’ai trouvé du travail dans les bureaux d’une grande compagnie. Je recevais un salaire de misère. Je n’aimais pas ce que je faisais. Depuis que j’étais tout petit, je voulais être instituteur. Pour cela il fallait faire des études.

    Je n’étais pas le seul à désirer terminer l’école secondaire. Nous nous sommes réunis et nous avons écrit à la Communauté grecque. Nous demandions un lycée du soir pour les jeunes travailleurs. Notre requête fut rejetée. Je ne me suis pas laissé décourager. J’appris que je pouvais me présenter au baccalauréat français comme candidat libre. J’ai trouvé deux  professeurs qui le soir, après le bureau, me donnaient des leçons. Pendant des années. C’était dur, lent et coûteux pour mon maigre budget. En août 1949, j’ai pris mon congé annuel, je suis descendu à Alexandrie, j’ai acheté un billet de bateau quatrième classe et cinq jours plus tard je débarquais à Marseille. De là je comptais me rendre en Grèce. Le sort en a décidé autrement. Le 1er septembre  je me trouvais à Prague.

Vie professionnelle

        On me demanda de rester et d’aller enseigner aux enfants des réfugiés grecs. Je voulais bien rendre service, mais je n’avais pas de formation pédagogique. On promit de m’envoyer le plus tôt possible à l’Université. J’ai accepté. Avant de prendre le train pour rejoindre mon  poste, je suis entré dans une librairie et avec les quelques couronnes qu’on m’avait données comme argent de poche, j’ai acheté un petit dictionnaire français-tchèque/français-tchèque.

      J’ai passé vingt ans en Tchécoslovaquie, dans de petites localités près de la frontière. Jusque-là   je n’avais jamais mis les pieds dans un village. Je me suis marié, j’ai eu des enfants. Nous vivions très modestement mais heureux, surtout après 1965. Je n’ai décidé de quitter la Tchécoslovaquie qu’après l’invasion soviétique, le 21 août 1968. J’ai émigré au Canada où ma mère, mes sœurs et mon frère s’était établis peu après mon départ d’Égypte. J’ai atterri à l’aéroport de Montréal le 1er février 1969.

      En 1953, quand le besoin de maîtres pour les enfants grecs a diminué on ne m’a pas envoyé à l’Université. On m’a transféré dans le système régulier tchèque. Au commencement j’enseignais les langues vivantes, l’histoire et la géographie, au niveau secondaire, puis à l’École économique supérieure. J’ai quand même fait des études. J’ai appris le tchèque tout seul et dès que je me suis senti capable de communiquer un peu dans cette langue, je me suis inscrit à l’université Charles de Prague comme étudiant externe. Au début, je traduisais les textes prescrits en français, et au besoin en grec, et ensuite j’apprenais à tout répéter en tchèque.

        Je voulais me spécialiser  dans l’enseignement du  français et de  l’anglais. Ce n’était pas possible à cette époque. J’ai donc préparé une licence en éducation, puis une maîtrise en histoire et en géographie et plus tard une maîtrise en études françaises, sans cesser de travailler. Ensuite j’ai  voulu faire aussi un doctorat. Je pensais écrire une thèse sur Malraux. Je lui ai écrit pour demander de l’aide. La réponse de son chef de cabinet fut négative.

      J’ai fait mon doctorat plus tard à l’Université de Montréal, sans jamais interrompre mon travail à l’école. Six semaines après mon arrivée à Montréal, j’ai été engagé dans une école secondaire publique pour enseigner le français aux élèves anglophones. Le chef du département de  français était parisien. Il me dit: «M. Caravolas, vous êtes plus âgé que moi, vous avez plus d’expérience et plus de diplômes. Vous n’avez pas besoin de mes conseils. Faites vos classes comme vous l’entendez. Je suis sûr que ce sera bien». Je n’aurais donc pas de patron. Je suis resté avec lui vingt ans. En 1989, j’ai pris ma retraite. Depuis je m’occupe de mes recherches.

Domaine de recherche et travaux

        Il y a vingt ans que je consacre la plus grande partie de mon temps :
1) à Coménius, que je considère comme le père de la pédagogie des langues et
2) à l’histoire de la didactique des langues. Je pense que les professeurs de langues, surtout les jeunes, ont  intérêt à connaître le passé plusieurs fois millénaire de leur discipline.

      Pour faire connaître Coménius au Québec, j’ai écrit Le Gutenberg de la didacographie ou Coménius et l’enseignement des langues (Montréal. Guérin, 1984). En 1992, à l’occasion du 400e anniversaire de naissance de Coménius, j’ai organisé avec quelques professeurs de l’université de Montréal  un grand colloque international en son honneur. A la demande des participants, on a fondé une Société canadienne d’études coméniennes, que je préside depuis son origine. La Société publie deux fois par an, un Bulletin bilingue Coménius, dont je suis le responsable. J’ai aussi publié de nombreux articles sur l’œuvre de Coménius, le premier dans Harvard Education Review (1981), le dernier en l’an 2000 dans le tome 1 de l’Histoire des sciences du langage, édité par S. Auroux et al., et publié chez Walter de Gruyter, à Berlin. Enfin, j’ai été à l’origine de la première traduction en français de la Methodus linguarum novissima (1648) de Coménius. La traduction a été  réalisée par M. Honoré Jean et son équipe et devrait paraître prochainement.

      Grâce à des subventions de recherche obtenues de la Province du Québec et du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, j’ai pu entreprendre des recherches sur l’histoire de l’enseignement des langues en Europe et en Amérique du Nord  depuis l’Antiquité jusqu’à nos jours. De ce vaste projet ont déjà paru les volumes suivants:

      Précis d’histoire de la didactique des langues. Tome I (1450-1700). Université de Montréal, Montréal-Gunter Narr Verlag, Tübingen, 1994;  

      À l’Ombre de Quintilien. Anthologie thématique de la didactique des langues, Tome I. Université de Montréal, Montréal-Gunter Narr Verlag, Tübingen, 1994.

      Précis d’histoire de la didactique des langues. Au Siècle des Lumières Tome II. Anthologie thématique de la didactique des langues. Tome II. Université de Montréal, Montréal-Gunter Narr Verlag, Tübingen, 2000 [deux ouvrages en un volume].

      Le Point sur l’histoire de l’enseignement des langues (3000 av. J.C.- ca 1950), Centre éducatif et culturel, Montréal, 1995. [Traduit en tchèque et publié par Universita Pardubice, 2000 : Přehled dějin vyučování jazyků (3000 př.n.l. - 2000 n. l.].

      J’ai aussi publié des articles sur l’histoire de la didactique des langues dans Historiografia linguistica (Amsterdam), Études en linguistique appliquée (Paris) Rivista italiana di linguistica applicata (Rome), et autres revues internationales, ainsi que dans Grammaire et enseignement du français, 1500-1700, édité par Jan DE CLERCQ, Nico LIOCE, Pierre SWIGGERS (Leuven, Peeters, 2000). 

Histoire de la didactique des langues au siècle des Lumières

 La SIHFLES

    En 1986 je suis venu passer une année à Paris pour faire ma recherche. Un jour, je me suis arrêté au BELC parler avec M. Debyser de mon projet. Il me recommanda de voir M. Reboullet. Je l’ai rencontré au début de décembre, rue Lhomond, au café au bas de l’immeuble où il habite. Il me posa plusieurs questions sur mes travaux, puis il me confia qu’il  «était homme à associations», qu’il en avait déjà fondé plusieurs et que depuis quelque temps il envisageait la création d’une nouvelle, consacrée à l’étude de l’histoire de l’enseignement du français langue étrangère. Il me demanda ce que j’en pensais. Je répondis que son idée me semblait excellente. Il me dit qu’il allait en parler à d’autres et qu’il me tiendrait au courant. Il m’a aussi prêté des textes inédits d’Elizabeth Hammar. Peu après le Nouvel an, il m’envoya à la Cité Universitaire où je demeurais, le brouillon de son célèbre article: Pour une histoire de l’enseignement du FLE, pour que je le commente. M. Reboullet avait pensé à tout. Je n’avais rien d’important  à ajouter. L’article parut dans le numéro 208 (avril 1987) du  FDLM et suscita un grand intérêt en France et à l’étranger. Plus tard, il me fit parvenir une invitation à participer le 10 juin à une réunion de réflexion à Sèvres. Nous étions quinze personnes, si ma mémoire est bonne, tous gagnés d’avance au projet Reboullet. Il fut donc vite décidé de convoquer une assemblée constituante, le 5 décembre 1987 à Sèvres. Cette fois, nous étions une trentaine de professeurs et de chercheurs français et étrangers, des rédacteurs de revues et même le Directeur de la Bibliothèque de l’Arsenal, M. Garetta, que j’avais invité avec la permission de M. Reboullet. L’assemblée  approuva les statuts et le nom de la Société et élut le bureau de directions de la SIHFLES et le Conseil d’administration. Je suis membre du C.A. depuis cette date. On a  oublié de me remplacer.

Montréal, 20 novembre 2001 : Jean Caravolas


Palerme, 4 - 6 octobre 2001

Henri Besse et Gisèle Kahn

    Le XIe Congrès international de la SIHFLES s'est tenu à Palerme (Sicile) du 4 au 6 octobre 2001, sur le thème "Histoire de l'enseignement du français langue étrangère ou seconde dans le bassin méditerranéen ". Prévu de longue date et brillamment organisé par Jacqueline Lillo, professeur à la Faculté des Sciences politiques de l'université de Palerme, avec l'appui de diverses institutions italiennes et françaises (dont le Centre culturel français de Palerme, l'Ambassade de France à Rome, la Délégation générale à la langue française), ce congrès a réuni, selon les séances, de soixante à quatre-vingts enseignants et chercheurs. Une dizaine de pays du pourtour de la Méditerranée (Egypte, Espagne, France, Grèce, Italie, Maroc, Tunisie, Turquie) y étaient représentés, mais également l'Europe du Nord (Allemagne, Pays-Bas, Belgique, Suède), le Portugal, le Canada et le Japon, avec quatre conférences introductives et une vingtaine d'interventions réparties en plusieurs ateliers-débats thématiques.

    Le choix de Palerme comme ville d'accueil de ce congrès fut salué d'entrée de jeu par plusieurs allocutions : celle du vice-recteur de l'université de Palerme qui a souligné l'actualité du thème retenu, dans une période d'exigence accrue de reconnaissance mutuelle des langues et des cultures au plan mondial ; celle du doyen de la Faculté des Sciences politiques rappelant la place tenue par le français en Sicile, notamment dans le domaine juridique ; et celle de madame la consule générale de France à Naples qui a redit la place privilégiée de Palerme comme ville de rencontre de toutes les cultures du bassin méditerranéen et réaffirmé la mission de la Francophonie d'accueillir et de fédérer des locuteurs de diverses langues et de diverses cultures, celles des pays de la Méditerranée parmi d'autres.

    Au fil des interventions, il a été question de politique : des Capitulations que Soliman le Magnifique accorda d'abord aux sujets de François 1er aux fascismes allemand et italien, en passant par l'impérialisme "civilisateur" de l'Europe de la fin du XIXe siècle, par les conflits d'intérêts entre grandes puissances dans les premières décennies du XXe et par l'accueil que la Turquie accorda aux "romanistes" juifs allemands (dont L. Spitzer) après 1933 ; des institutions qui ont fait du français, pour deux ou trois générations, une nouvelle lingua franca des élites sociales de la Méditerranée, celles ayant les moyens d'envoyer leurs enfants dans les écoles des congrégations religieuses (surtout catholiques) ou de l'Alliance israélite universelle, puis de l'Alliance française et de la Mission laïque ; des hommes qui ont contribué à cette diffusion, de P. Foncin et P. Deschamps à R. Barthes et A. J. Greimas ; enfin des outils didactiques à même d'aider à apprendre le français dans cette partie du monde. Il y a été aussi question des autres langues de la Méditerranée, en particulier de l'arabe qu'on voulut enseigner à Marseille au tout début du XIXe siècle et qui joua un rôle important dans l'élaboration par C.-F. Volney d'un Alfabet européen adapté aux langues de l'Orient.

    On y a discuté du pluralisme des langues de la Méditerranée, regretté l'absence de contributions sur le Liban ou sur les pays de l'ex-Yougoslavie, mesuré la difficulté qu'il y a à raisonner historiquement sans léser la complexité des parcours individuels. Mais ces "disputes" ont, à leur façon, contribué à la convivialité d'un congrès dont les actes paraîtront l'an prochain dans le numéro 28 de Documents.

Palerme dans "Le Français dans le Monde"

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Colloque

Appel à contribution

COLLOQUE LES PROLONGEMENTS DE LA GRAMMAIRE GÉNÉRALE EN FRANCE ET DANS LES PAYS FRANCOPHONES AU XIXe SIÈCLE (1802-1870)

Besançon (Université de Franche-Comté)
19, 20, 21 septembre 2002

Participation
Les exposés (d’une durée maximale de 25 minutes) pourront porter soit sur un auteur défini, soit sur un point de théorie grammaticale particulier, soit sur une question de synthèse, etc.

Merci d’adresser vos propositions de communication (titre et résumé d’une page au maximum) avant le 15 février 2002, à :
Professeur Jacques Bourquin,
LASELDI, GRELIS,
Faculté des Lettres
30 rue Mégevand,
25030 BESANCON CEDEX
Tél. : +33 (0)3 81 61 21 95

Contacts
Courriel : andree.chauvin@univ-f.comte.fr

Comité d’organisation
P.Anderson, A. Chauvin-Vileno, F. Migeot, S. Hutin, M. Lebre-Peytard, M. Madini, Ph. Schepens, J.-M. Viprey, C. Wieder.

Comité scientifique
Pr. Sylvain Auroux (Dir. Rech. CNRS, dir. ENS Lettres Sciences Hum. Lyon), Pr. J. Bourquin (Besançon), Pr. A. Chervel (Paris), Pr. C. Condé (Besançon), Pr. J.E. Joseph (Edimbourg), Pr. M. Masselot (Besançon), C. Normand (Paris), Pr. J.P. St-Gérand (Clermont-Ferrand), Pr. Swiggers (Louvain).

Thème du colloque
Le colloque est centré sur le rôle et le devenir de la grammaire générale en France pendant la période qui commence avec la suppression des Écoles Centrales et qui voit, à partir de 1850, la lente émergence de la grammaire historique.

Parmi les pistes de réflexions possibles, nous formulons quelques questions (non exhaustives et non limitatives.....)

puce

Qui cultive la grammaire générale ? Des théoriciens et/ou des praticiens ? Que deviennent les professeurs de grammaire générale des Ecoles centrales ? Ont-ils une activité de publication ?

puce

Les relations de la grammaire générale avec la philosophie (les Idéologues, Destutt de Tracy, les Ecossais) ? La postérité de l’Idéologie ?

puce

Quelles mutations subit la grammaire générale ? Par exemple, théorie du verbe, de la proposition, de la "relation"...

puce

Les rééditions des grands ancêtres (Port- Royal, Beauzée, Condillac...)

puce

Le rôle des périodiques (Annales de grammaire, Journal de la langue française)

puce

Quelle est l’influence de la grammaire générale sur les manuels destinés à l’enseignement ?

puce

Quel héritage laisse-t-elle aux grammairiens philologues ?

puce

L’ambiguïté du terme "générale"

puce

Des individus : Lemare, Estarac, Simon, B. Julien (collaborateur de Littré), Comte de Montlivaut, Montémont (tous deux candidats au prix Volney), Caillot, P.A. Mazure (traducteur de F. Schlegel), Perron, Burgraff, etc.


Pour toute information à faire paraître dans La Lettre, s'adresser à :

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Le montant en reste inchangé, mais est bien entendu formulé en euros !

Voir les détails pour le règlement sur le bulletin de réadhésion.


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Le laboratoire CNRS Métadif (FRE 2540)
dirigé par Jean PRUVOST, de l'Université de Cergy-Pontoise,
dans le cadre de l'
Institut de Linguistique Française (ILF)

Avec le soutien de la
D
élégation générale de la langue française et des langues de France

vous présente

LE MUSEE VIRTUEL DES DICTIONNAIRES

Proposer d'abord un historique des dictionnaires français,
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Ainsi qu'une chronologie,
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Apporter ensuite des informations précises sur chaque dictionnaire  
(sa genèse, son auteur, son contenu), accessibles par la chronologie
ou la liste des auteurs
avec des extraits significatifs (premières pages, préface, articles, illustrations) et un signalement bibliographique (articles et ouvrages, colloques, sites),
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Offrir enfin un ensemble d'outils bibliographiques,
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Sans oublier l'actualité,
tels sont les objectifs de ce musée des dictionnaires qui, comme tout musée, reste évolutif et de parcours souple.
Nous sommes particulièrement heureux de vous accueillir et vous souhaitons un excellent parcours à travers siècles et dictionnaires.

Pour entrer dans le musée, cliquez

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Comité scientifique

Jean-Claude BOULANGER, Albane CAIN, Bernard CERQUIGLINI,
Nicole CHOLEWKA, Pierre CORBIN, Daniel DELAS,Maria COLOMBO,
Monique CORMIER, François GAUDIN, Pierre HAILLET,
Christine JACQUET-PFAU, Anne-Marie LAURIAN, Isabelle LEROY-TURCAN,
Christiane MARCHELLO-NIZIA, Pierre MARTEL, Brian MERRILEES,
Annie MOLLARD-DESFOUR, Claude POIRIER, Jean PRUVOST (Directeur),
Bernard QUEMADA, Jacques-Philippe SAINT-GERAND,
Terence Russon WOOLDRIDGE

Veille technologique et scientifique

Directrice : Christine JACQUET-PFAU (Collège de France)
avec la collaboration de Marie-Anne GUIRAL (Université de Cergy-Pontoise)

Correspondants

Khalid ALAOUI, Luis ALVES DE PINTO, Laetitia BONICEL,
Julie DE BLOIS, Annie GALARNEAU,
Virginie HABABOU, Samia JOBERT, Christine PIETRI, Benoît POINTREAU,
Christine VAN NGOK

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Documents numérisés par :
Carole PARZY, Carine TIMMERMAN, Tiphaine VERBRUGGE et Marie-Anne GUIRAL

Conception graphique et mise en page : Stéphan DIANA

 

Copyright © Jean PRUVOST
Université de Cergy-Pontoise - UFR de Lettres et Sciences humaines
CNRS, ILF, Métadif  (FRE 2540)
33 Bd du Port, 95011 CERGY-PONTOISE CEDEX

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