Madame Chantal Forestal, maître de conférence à Aix (Université de Provence), milite depuis de nombreuses années en faveur de ceux qui enseignent le FLE en France. Elle a assuré récemment la coordination du numéro 133 (consacré au FLE/FLS comme enjeu politique, social, culturel et éthique) d'Etudes de linguistique appliquée (ÉLA), "revue internationale de didactologie des langues-cultures et de lexiculturologie" créée par Bernard Quémada et dirigée par Robert Galisson, publiée par Klincksieck - Didier Erudition. Elle est par ailleurs membre de la section 7 (Sciences du langage : linguistique et phonétique générales) du CNU (conseil national des universités) au titre du SNESup.

Ce texte relève d'une initiative individuelle, à laquelle elle souhaite associer les organisations syndicales et professionnelles et les acteurs du français langue étrangère dans les organismes français concernés.


LANCEMENT DES
ASSISES DU FRANÇAIS LANGUE ÉTRANGÈRE/
FRANÇAIS LANGUE SECONDE (FLE/FLS) :

STATUTS, FORMATION et AVENIR
Quels statuts et quelles perspectives pour les formateurs ? 

(26 janvier 2005 )

invitation définitive

Nouveau lieu :

École Normale Supérieure,
29 rue d'Ulm,
PARIS 5e

quelques documents

l'enquête d'Isabelle Barrière et son dépouillement et sa synthèse


Constats

Il devient urgent de réfléchir collectivement en France sur la politique de diffusion et d’enseignement de notre langue à l’étranger, ainsi que sur la politique d’accueil vis-à-vis de ceux qui souhaitent s’intégrer en France en apprenant notre langue.

Il n’y jamais eu de débat au Parlement sur l’avenir de notre langue ni sur le destin des autres langues parlées en France. Malgré une réduction constante de la diversification des langues enseignées dans l’enseignement secondaire, aucune réflexion n’a été engagée sur le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) et encore moins sur la reconnaissance statutaire et institutionnelle du métier d’enseignant en FLE/FLS, tant dans le secteur public que privé. Les personnels formés, spécialisés, diplômés sont le plus souvent, et depuis longtemps des « saisonniers permanents ».

Quelques chiffres

– L’ONU a révélé en 2000 que le vieillissement de la population française devrait vraisemblablement conduire notre pays à faire appel à plus de 20 millions d’immigrés d’ici 2025, dans l’hypothèse où l’État souhaiterait maintenir le rapport actuel entre actifs et inactifs.

– Cette année 280 000 demandes d’asile ont été refusées. On sait par avance que plus d’un tiers resteront sur le territoire français comme clandestins.

– Dans la seule région PACA, on évalue à plusieurs centaines le nombre de jeunes clandestins annuels pour lesquels l’Éducation nationale est dans l’obligation d’assurer une formation puisqu’ils sont mineurs.

- Le Contrat d’Accueil et d’Intégration (CAI) devrait en principe permettre aux 100 000 primo-arrivants annuels de recevoir un accompagnement personnalisé et une formation linguistique de base en français. Mais les efforts étant manifestement centrés sur les primo-arrivants, que faire des personnes déjà installées depuis un certain temps et ayant des besoins en formation linguistique de base, alors même que le dispositif « CAI » entraîne, depuis sa mise en place, la disparition de nombreux dispositifs existants ? En réalité, l’État se désengage progressivement de ce domaine, et la régionalisation rend inégal et aléatoire le financement d’actions de formation.

- Les enseignants des CLIN et des CLA, dont le rôle est d’assurer l’accueil et l’intégration des élèves dans le primaire et le secondaire,dans la plupart des cas, n’ont aucune reconnaissance institutionnelle et statutaire et sont souvent considérés comme des enseignants de « seconde zone ».

– L’OCDE (Le Monde du 16 septembre 2004) annonce « un léger progrès » en France dans l’accueil des étudiants étrangers : « La population des étudiants étrangers est passée de 7,7 % à 10 % en quatre ans ». Mais ce critère quantitatif est-il suffisant pour considérer que notre pays devient de plus en plus « attractif » pour les étudiants étrangers? Qu’en pensent les intéressés eux-mêmes ? Qui se charge en effet de leur accueil ? Quels sont les moyens prévus en locaux et en enseignants ? Il faut rappeler que 68 % des enseignants de français dans nos centres universitaires sont des vacataires « externalisés ».

Quant à l’enseignement du français à l’étranger, qui concerne le vaste réseau des établissements culturels (Instituts français, Centres culturels et Alliances françaises) et le réseau des établissements scolaires de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), l’État s’est désormais largement désengagé en ne misant de plus en plus, pour le recrutement des enseignants, que sur les contrats locaux.

Dans un contexte global où formation initiale et formation professionnelle sont dissociées, les IUFM fragilisés par des remises en cause périodiques, au moment où l’on réduit les dépenses publiques, où l’on diminue le nombre d’enseignants titulaires en recourant aux précaires, aux contractuels et notamment aux personnels qualifiés de la filière FLE à l’Université, la spécialité « FLE/FLS » est devenue un marché de dupes en grande partie en raison de l’absence de reconnaissance par les instances légitimantes (absence de CAPES, par ex.). Quel statut pour les enseignants en FLE/FLS ?

Comment réagir ?

Sur des questions aussi graves et urgentes, les Assises du 26 janvier 2005 doivent ouvrir un débat qu’il n’est plus pensable d’occulter. Nous en appelons à tous les acteurs du FLE/FLS, quel que soit leur statut, pour qu’ils participent à ces assises qui doivent marquer un tournant décisif dans l’histoire longue et tumultueuse du domaine.



Chantal FORESTAL
Maître de Conférences (Université de Provence, Aix-Marseille 1)
habilitée à diriger les recherches en Didactologie des Langues–Cultures
 

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