La France, la Grande-Bretagne et l’Allemagne, dans la deuxième moitié du XIXe et la première moitié du XXe siècle, sont trois grands pays marqués par une politique étrangère ambitieuse, plus ou moins hégémoniale, et des tendances colonialistes et impérialistes débouchant parfois sur des guerres. Il s’agit aussi de pays économiquement développés, dont l’industrialisation est déjà bien avancée ou en train de se développer avec dynamisme. De plus, ces pays se considèrent comme des nations culturelles que caractérise un système éducatif en expansion continuelle, surtout dans les domaines des sciences naturelles et des langues modernes.
Force est ainsi de constater que la rivalité entre les trois pays ne se limitait pas, à l’époque, à des aspects politiques, économiques et culturels, mais incluait aussi la langue. L’importance de celle-ci se manifestait dans l’appui, à l’échelon international, sur lequel chacune d’entre elles pouvait compter dans le cadre soit d’une prise d’influence directe dans les colonies, protectorats et territoires sous mandat, soit d’une diffusion assurée par les instituts culturels.
Dans ce contexte, l’attractivité respective de ces langues étrangères a subi des fluctuations, induites autant pour des raisons d’ordre économique que par des effets politiques, dont il faut, dans l’analyse, également tenir compte. Dans pratiquement tous les pays européens, le français était encore au milieu du XIXe siècle la langue étrangère majeure, mais il perdra cette position dominante vers la fin de la période analysée au profit de l’anglais. L’allemand de son côté, qui avait temporairement gagné en importance entre la fin du XIXe siècle et les premières décennies du XXe siècle, ne réussit jamais à prendre la tête dans cette concurrence internationale des langues.
Les interventions (de 20 minutes), en langue française, anglaise ou allemande, peuvent traiter les aspects suivants:
le développement de l’anglais et de l’allemand dans le système scolaire français, du français et de l’anglais dans le système scolaire allemand, du français et de l’allemand dans les systèmes scolaires anglais ou nord-américains (limitation à certaines époques ou filières scolaires possible) ;
le développement de l’allemand, du français ou de l’anglais dans d’autres pays européens ou américains, ou à l’intérieur d’un espace transnational défini ;
le développement d’un marché économique des langues, lié à une demande sociale et à une offre marchande (p. ex.: Berlitz) différentes de ce qu’on avait connu dans les périodes précédentes ;
la description historique des institutions de médiation culturelle et d’enseignement de la langue (tels p. ex. l’Alliance Française, le Foreign Office ou la Deutsche Akademie) ;
le fait que, pour l’anglais, l’action de la Grande-Bretagne est renforcée (et éventuellement même en partie concurrencée) par l’influence américaine ;
l’histoire de la génèse des disciplines universitaires servant à la formation des enseignants à l’étranger, ou aux étrangers (comme les diplômes FLE, Deutsch als Fremdsprache ou studies of TESOL) ;
le rôle et la rivalité linguistiques des institutions religieuses missionnaires (et la reconfiguration des modes de pénétration et de présence de certaines) dans une période où les institutions publiques « laïques » s’organisent et deviennent plus interventionnistes.
Les résumés – ne dépassant pas 300 mots – doivent être envoyés à Marcus Reinfried marcus.reinfried@uni-jena.de avant le 1er avril 2012. L’acceptation sera notifiée avant le 1er juin 2012.
Les détails sur l’enregistrement, ainsi que des informations sur l’hébergement et les repas, seront fournis dans une deuxième circulaire et affichés sur le site du colloque, qui est actuellement en construction (http://www.uni-due.de/GMF2012/GMF).
Publication : 15 novembre 2011
Programme - Résumé des communications (au 1er août 2012)