logosif.jpg (26416 octets) Journée d’études de la SIHFLES
Leyde, vendredi 11 décembre 2009
(Lipsius, salle 148)
9 h 30 – 16 h 30 (accueil à 9 h)

Langue française, identité(s) et école, le cas de la minorité catholique au Levant
(milieu du XIXe siècle - milieu du XXe siècle)

Introduction : Langue française, identité(s) et école, le cas de la minorité catholique dans les Pays-Bas du Nord (XVIIIe - XXe)

Le thème retenu se propose d’approcher l’(les) identité(s) de la minorité catholique du Levant et son évolution par la langue française, par la manière dont le français est entré en jeu dans le processus de construction sociale de l’identité, la dynamique de ce processus (nous considèrerons la langue française par rapport à la langue maternelle des élèves et la(les) langue(s) nationale(s) de la région considérée). L’école et l’éducation étant au cœur de la transmission de la langue, ces relations seront analysées à travers les discours de leurs promoteurs et de leurs récepteurs. L’identité sera ici comprise comme « l’expérience vécue de l’interaction entre l’image de soi et l’image qu’imposent les autres », comme un « élément de reconnaissance et de mémoire » (Willem Frijhoff, 2007) - les intervenants reviendront sur les concepts « d’identité » et « d’appartenance » (Willem Frijhoff, 1992, 1993 ; R. Brubaker, 2001 ; Avanza et Laferté, 2005).

La période correspond à la montée des impérialismes puis des nationalismes au Levant, ainsi qu’à la loi de séparation des Églises et de l’État en France, la langue se charge donc d’affect. Il s’agit également d’une période de transition pour les usages de la langue française, langue jusqu’alors perçue comme lingua franca, langue de prestige, ainsi que langue de commerce, d’éducation, d’appartenance religieuse, de protection des catholiques.

À la suite des travaux récents de J. Dakhlia (2008), N. Pépin (2007), et M. Doss et C. Miller (2005) notamment, on peut se demander quelles sont les relations entre langue et identité minoritaire ? « L’adéquation langue/identité est loin d’être automatique, les communautés pouvant être plurilingues ou employer des variétés de langues mixtes, ce qui pose la question du rôle et de la fréquence du plurilinguisme » (in J. Dakhlia, Lingua Franca, p 474). Comme l’a montré Christiane Thim–Mabrey (2003), la notion de Sprachidentität tend à recouvrir deux réalités : l’identité d’une langue (nous nous attacherons surtout à l’identité de la langue française) et les liens entre les usages linguistiques et l’identité d’une personne, d’un groupe. L’identité est (re)configurée, (re)formulée, elle se (re)joue dans les activités sociales (N. Pépin, 2007, p 12).

L'interaction entre langue française, identité(s) et système scolaire au Levant, considérée dans le cas de cette minorité, conduit à s'interroger sur les relations entre cette minorité et les majorités côtoyées dans les différents pays, sur les modèles de construction identitaire par la langue, sur les stratégies d’ascension sociale développées par cette minorité via la langue ainsi que la place des langues dans leurs programmes scolaires. Dans une perspective historique, le(s) processus de la construction de l’identité et ses racines seront analysé(s) par rapport à l’environnement géographique, historique, social, politique, scolaire et religieux, ainsi que par rapport aux variations importantes selon le milieu linguistique et ethnique.

Quelles ont été les stratégies linguistiques de cette minorité par rapport au français (stratégies d’intégration, de refuge, d’adaptation), à la langue majoritaire, au sein des écoles ? La minorité catholique entretenait-elle des affinités particulières avec le français ? Le français contribuait-il à renforcer la cohérence de cette communauté ? Quel rôle a-t-il joué dans la définition de soi de la minorité catholique ? A-t-elle pu/ su investir dans une langue sans en faire une langue à soi ? Comment les liens entre langues ont-ils évolué en termes de stabilité, de changements ? Quelles ont été les réactions de cette minorité face à la montée du nationalisme en termes linguistiques ?

Cette journée fait suite à la journée d’étude organisée à Utrecht en mai 2007 sur le thème « Langue(s) et religion(s) : une relation complexe dans l’enseignement du français hors de France XVIe-XXe siècles ». Elle se concentre sur une aire géographique mais propose également, notamment par des contributions sur un domaine historiographique récemment exploré, un regard sur la minorité catholique des Pays-Bas du Nord.


Comité d’organisation


Comité scientifique