Geneviève BaraonaasdifleRencontres 2010

Rencontres à double titre, que celles de l’année 2010, puisque la Littérature relève de la rencontre, d’une « Poétique de la relation » comme le dit Edouard Glissant ; les cultures apprennent les unes des autres et communiquent avec leurs métis, ponts naturels entre les cultures, dont les « marginaux » les plus visibles et reconnus sont des écrivains ou poètes. Leur message rayonne dans un monde extérieur non homogénéisé et nous nous nourrissons des traductions pour découvrir d’une langue à l’autre des écrits palimpsestes des cultures du monde. 

Hors la traduction, une littérature porte en elle tous les éléments de la diversité linguistique et culturelle, celle des écrivains qui ont changé de langue pour écrire, les « translinguaux », tissant une identité plurielle de cette relation entre deux langues, deux cultures, dans l’altérité radicale de l’exil ; aujourd’hui où les questions d’identité tentent d’opérer une mutation de la notion d’étranger en réactivant des mécanismes binaires de rejet attachés à cette figure, les écrivains qui ont changé de langue pour écrire, illustrent à travers leurs textes une théorie des échanges ancrée dans la pluralité et la complexité identitaire ; cette écriture dans la langue de l’autre, (et l’on peut penser aussi à d’autres langues que le français comme vient de l’illustrer le dernier prix Nobel de Littérature décerné à Herta Müller, écrivaine d’origine roumaine écrivant en allemand) posant les problèmes littéraires du rapport entre les langues, apporte une surconscience linguistique où va se déployer une réflexion sur soi et les autres. De cette distanciation créative, naîtra l’œuvre : d’abord migrer dans la langue de l’autre pour migrer dans celle de l’écriture ; tout écrivain n’est-il pas un migrant ?

Geneviève Baraona

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