La Société internationale pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde (SIHFLES), en collaboration avec les associations sœurs, l’APHELLE (Associação Portuguesa para a História do Ensino das Línguas e Literaturas Estrangeiras), la SEHEL (Sociedad Española para la Historia de las Enseñanzas Linguísticas), le CIRSIL (Centro Interuniversitario di Ricerca sulla Storia degli Insegnamenti Linguistici), la Henry Sweet Society for the History of Linguistic Ideas et le PHG (Peeter Heynsgenootschap), et avec le soutien de HoLLT.net – réseau de recherche en histoire de l’apprentissage des langues et de l’enseignement de l’AILA – et de l’APEF (Association portugaise d’études françaises), organise un colloque international, en partenariat avec l’université d’Algarve, du 7 au 8 juillet 2016, consacré à l’étude des « Innovations pédagogiques dans l’enseignement des langues étrangères ».
Au début du XXe siècle, dans son cours sur « l’histoire de l’évolution pédagogique en France », Durkheim présente une succession de pratiques pédagogiques qui se sont fixées au XIXe siècle. Il s’agit alors, pour l’historien, de (re)découvrir la diversité de ce que l’on pourrait appeler des innovations pédagogiques et leur évolution. À l’image de la démarche de Durkheim, nous proposons aux historiens de l’éducation et, plus précisément aux historiens de l’enseignement des langues, de se pencher sur l’étude des innovations pédagogiques, du XVIe au XXe siècle. Étudier ces innovations consiste, avant tout, à redécouvrir les modalités d’application des pratiques pédagogiques promues par des acteurs qui veulent procéder « autrement », grâce à une nouvelle démarche qui se démarque de la pratique antérieure et qui, par une attitude délibérée et consciente, vise à améliorer l’enseignement. Étudier ces innovations revient à consolider aussi les images du métier et de l’identité du maitre/enseignant des langues au moyen de la manipulation des savoirs et des outils d’apprentissage/enseignement des langues. Étudier ces innovations suppose, finalement, tenir compte de ce que l’on appelle aujourd’hui leur « dissémination », c’est-à-dire la formation et l’accompagnement des enseignants à ces nouvelles pratiques pédagogiques, ainsi que leur diffusion dans les réseaux scientifiques reconnus (revues de spécialité, textes officiels réglementaires ou normes institutionnelles, entre autres).
Les débats sur l’organisation des systèmes éducatifs et leur fonction sociale ont eu lieu bien avant le XXe siècle et ont déclenché la circulation d’agents éducatifs au-delà des frontières à la recherche de méthodes et d’outils pédagogiques innovants. Cependant ces contacts avec l’Autre en matière d’éducation ont été très peu étudiés jusqu’à aujourd’hui, car l’histoire de l’enseignement des langues reste encore circonscrite, dans la plupart des cas, à une perspective exclusivement nationale. Or il serait particulièrement révélateur de la survie de certaines pratiques innovantes de voir dans quelle mesure elles sont importées dans d’autres pays et constituent, d’un côté, un écart par rapport au modèle traditionnel national et, de l’autre, un processus de consolidation et d’intégration dans les pratiques courantes et institutionnalisées. On peut alors se demander de quelle façon est assuré son transfert dans le cadre d’une institution et d’une culture à une autre, et comment est prévu un plan au niveau des formations et de l’implantation/importation des ressources et de l’adaptation des supports pédagogiques. Il s’agit non seulement de tracer les filiations d’une innovation à l’échelle européenne (voire mondiale) et de suivre son évolution et ses adaptations progressives, mais aussi d’établir le lien entre certaines innovations et des changements dans les conceptions de la langue (théories linguistiques), de la pédagogie (rôle du maître de langue-enseignant), de l’apprentissage (rôle de l’élève). Ceci revient à dire qu’il faut, par le biais de l’étude des innovations pédagogiques, s’attacher à l’étude de la circulation des idées et des pratiques pédagogiques à l’étranger et aux procédés d’appropriation sous-jacents, à savoir :
la sélection des contenus (grammaire, lexique, phonétique, contenus culturels...) ;
l’organisation et la présentation des contenus (ordre, progression d’apprentissage, types de lettres, tableaux synoptiques, tables des matières, etc.) ;
les instruments et les pratiques de classe: activités, méthodes (au sens de Christian Puren), techniques d’enseignement, exercices ;
les modes d’organisation de l’espace et des élèves (regroupements, typologies d’élèves) ;
le matériel d’appoint, dans le manuel même ou comme matériel à part (cartes, disques, tableaux muraux, dessins, etc.) ;
l’institutionnalisation et/ou la disciplinarisation: entrées dans les réformes éducatives, les normes ministérielles, les cursus, les programmes, les questionnaires, etc.
Date-butoir
Réponse de l’organisation
Programme
Frais d’inscription :
Publication :
Langues de communication :
Courriel :
Comité d’organisation :
Comité scientifique :