Maison Descartes, Institut français des Pays-Bas
À l’occasion du 25e anniversaire de la
SIHFLES
- Société internationale pour l’histoire du français langue étrangère ou seconde
-
Regards sur l’histoire du français aux Pays-Bas :
diffusion, didactique, enjeux culturels
(sans frais de participation, merci de vous inscrire
auprès de la Maison Descartes avant le 15 novembre 2012,
en précisant « journée du 23
novembre » dans l’objet de votre message :
9h30 Accueil
9h45-10h00 présentation de la journée et de la SIHFLES (Dr. Michel Wauthion et Dr. Karène Sanchez Summerer)
10h15-10h55
* Dr. Madeleine van Strien-Chardonneau (Leiden) et Dr. Marie-Christine Kok Escalle (Utrecht)
Maîtres de langues et manuels, agents de diffusion du français langue étrangère ou seconde aux Pays-Bas (XVIIe-XIXe siècles)
La tradition de l’enseignement domestique et/ou scolaire de la langue française est longue aux Pays-Bas. Les maîtres de langue dont certains sont exemplaires pour leurs idées sur l’éducation par la langue étrangère, ont, pour leur enseignement, développé des méthodes, des grammaires et des livres d’exercices, utilisés par des générations d’apprenants. Nous présenterons le projet de répertoire de ces ouvrages didactiques publiés et utilisés aux Pays-Bas depuis le XVIe siècle et illustrerons l’activité de maître de langues par les figures de J.N. de Parival (1605-1669), de E-B. de Villemart (1726-1799) et de P.J. Baudet (1778-1858), avec en toile de fond la question du rôle qu’a joué la langue française dans l’éducation des élites néerlandaises au cours des siècles et celle des enjeux de l’apprentissage du français langue étrangère aux Pays-Bas.
Marie-Christine Kok Escalle, historienne de formation, a été professeur associée en culture française à l’université d’Utrecht et responsable du programme de master de communication interculturelle au département de langues modernes. Ses recherches sur l’histoire du français aux Pays-Bas sont publiées entre autres dans Documents, revue de la Sihfles.
Madeleine van Strien-Chardonneau est maître de conférences de langue et cultures françaises (retraitée) et membre associé de l’institut de recherches LUCAS (Leiden University Centre for the Arts in Society). Ses recherches portent sur les récits de voyageurs français en Hollande (18e – 19e s.), Isabelle de Charrière (1740-1805), l’histoire de l’enseignement du français en Hollande (16e – 19e s.) en collaboration avec M.-C. Kok Escalle, les écrits personnels en français de Néerlandais (18e – début 19e). En préparation : édition du Voyage dans la Belgique et la Hollande [1795] d’A. Thouin, Classiques Garnier, « Bibliothèque du XVIIIe siècle ».
11h00-11h45
* Prof. Willem Frijhoff (VU)
Amitié, utilité, conquête ? Le statut culturel du français entre appropriation et rejet dans la Hollande prémoderne
Le statut culturel de la langue française dans les Pays-Bas septentrionaux a probablement atteint son apogée à l’époque moderne, au point que l’on a pu parler de ‘francisation’ des Pays-Bas pour le XVIIIe siècle. Cette prétention à la domination linguistique, souvent trop facilement assimilée par les Français eux-mêmes et les francophones de l’étranger, cache un jeu complexe de facteurs économiques, politiques, sociaux, culturels et même religieux, marqué par les images et pratiques culturelles : les formes concrètes d’interaction entre les Néerlandais et les Français de différent niveau social et culturel, le prestige politique et social changeant des domaines culturels eux-mêmes, les alliances politiques et conquêtes militaires impliquant les deux pays, et la palette d’images des différentes langues pratiquées par les immigrés et les peuples voisins. Ces rapports changeants ont déterminé le sort perpétuellement fluctuant du français dans les Pays-Bas du Nord dont tous les aspects ont connu des hauts et des bas: langue de préférence pour l’expression culturelle, langue de contact utilitaire pour le commerce ou l’artisanat, la cour ou l’armée, langue de prestige social pour les élites politiques, lingua franca pour l’enseignement scolaire, ou langue de communication internationale savante. L’exposé développera brièvement cette problématique dont le modèle, mutatis mutandis, vaut jusqu’à nos jours.
Willem Frijhoff est professeur émérite d’histoire culturelle moderne à l’Université Libre d’Amsterdam (VUA). En 2010-12 il est professeur invité sur la chaire Érasme de la Fondation G. Ph. Verhagen à l’Université Érasme de Rotterdam. Il a publié de nombreux travaux sur les relations politiques, culturelles et éducatives entre la France et les Pays-Bas, sur l’histoire, le statut culturel et l’usage du français dans les Pays-Bas du Nord, et sur le plurilinguisme en Europe à l’époque moderne. Son dernier essai dans ce domaine :
Meertaligheid in de Gouden eeuw. Een verkenning (Amsterdam: KNAW, 2010).12h00-12h45
Dr. Maaike Koffeman (Radboud Universiteit Nijmegen)
Images de la France dans la presse périodique néerlandaise du XIXe siècle
L’exposé abordera les représentations de la langue et de la culture françaises dans la presse périodique néerlandaise du XIXe siècle. Il semble que la France serve de repoussoir dans le processus de construction d’une identité nationale néerlandaise. L’évolution de la réception des grands auteurs réalistes (Balzac, Flaubert, Zola) sera le fil rouge de cette étude.
Maaike Koffeman est l’auteur une thèse intitulée Entre classicisme et modernité. La Nouvelle Revue Française dans le champ littéraire de la Belle Époque (Rodopi, 2003). Elle enseigne la littérature comparée à l’université Radboud de Nimègue.
13h00-14h00 Déjeuner (offert par la Maison Descartes)
14h00-14h45
* Prof. Pierre Swiggers (K.U. Leuven)
Regards sur l’histoire de l’enseignement du français aux Pays-Bas ("Lage Landen") : Modèles, maîtres et mutations
Le français a été enseigné, comme langue seconde ou étrangère, dans les anciens Pays-Bas depuis le Moyen Âge. Son enseignement a été ébranlé, porté et stimulé par des facteurs de nature diverse : politiques, religieux, socio-économiques et culturels ; il s’est appuyé sur des « instances » privées et institutionnelles – le circuit des maîtres et des écoles – et sur des supports divergents : (a) oral et écrit ; (b) grammatical, lexical, « textuel ». Et à travers sa longue évolution jusqu’à l’époque de l’introduction de lois scolaires, cet enseignement – dans son rapport changeant avec l’évolution de la langue française et celle de sa description – a accompli un parcours sinueux, marqué par quelques constantes et par des mutations affectant le contenu et la méthode de la didactique des langues.
L’exposé, à orientation historiographique, visera à dégager les principaux jalons de l’histoire de l’enseignement du français aux Pays-Bas, et cela en rapport avec trois questions : 1/ Par quels « moyens » a-t-on enseigné/appris le français ? 2/ Quel a été le public visé ? 3/ Dans quelle perspective méthodologique (et idéologique) a-t-on enseigné/appris le français ?
Pierre Swiggers est directeur de recherche au Fonds de recherche scientifique flamand (FWO) ; il enseigne la linguistique française et romane et la linguistique générale aux universités de Leuven et de Liège. Son domaine de spécialisation est l’histoire de la linguistique aux Temps Modernes et la méthodologie de la linguistique. Il est l’auteur d’une Histoire de la pensée linguistique. Analyse du langage et réflexion linguistique dans la culture occidentale, de l’Antiquité au XIXe siècle (Paris, PUF, 1997).
14h45-15h30
* Bart Verheijen (Nimègue) et Koen Damhuis (Utrecht et EHESS) en débat avec Dr. Philippe Noble (Lille)
Langue, culture, société françaises : source d’inspiration aujourd’hui pour les jeunes chercheurs des Pays-Bas ? Un état des lieux depuis la fin du XXe siècle
Bart Verheijen a fait des études à l’université de Nimègue, où il a obtenu son diplôme de master en philosophie de l’histoire et sciences historiques. En 2010 il a été nommé 15e lauréat du Prix de Paris. En 2011, il a obtenu un master de recherche à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) à Paris. Il prépare une thèse de doctorat consacrée à la littérature d’opposition à l’occupation française de la Hollande entre 1806-1813. Sa recherche fait partie du projet de recherche VIDI : Proud to be Dutch.
The role of war and propaganda literature in the shaping of an early modern Dutch identity, 1648-1815.Koen Damhuis (1987) a fait des études de langue et culture françaises, de musicologie ainsi que de bestuurkunde à l´Université d’Utrecht et de sociologie à la Sorbonne (Paris V). Après avoir été nominé pour le Prix de Paris (2012) et obtenu le Prix d´Excellence Descartes (2012), il est actuellement étudiant en deuxième année du master de recherche en science politique à la Sorbonne (Paris I). Son mémoire, écrit sous la direction du professeur Mark Bovens, est proposé pour le Prix Daniël Heinsius 2013. De plus, il est l’auteur d’essais publiés entre autres dans le Volkskrant, et vient de sortir son premier livre, De Virtuele Spiegel (de Arbeiders, 2012).
Philippe Noble a fait des études de lettres classiques et de néerlandais à Paris et à Amsterdam et a été durant une douzaine d’années maître de conférences en langue et littérature néerlandaises à l’université Paris IV-Sorbonne. Quittant ensuite l’université pour une carrière diplomatique, il a été successivement directeur de la Maison Descartes à Amsterdam, délégué culturel pour la Flandre à Gand et conseiller culturel aux ambassades de France à La Haye, puis à Vienne. Depuis 2011, il est directeur du Réseau franco-néerlandais de l’enseignement supérieur et de la recherche, abrité à l’université Lille 3. Il est directeur de collection, chargé de la littérature néerlandophone aux éditions Actes Sud. Il a traduit depuis 1981 une quarantaine d’ouvrages, notamment de Multatuli, Du Perron, Mulisch, Nooteboom et Etty Hillesum. Il a reçu plusieurs distinctions pour ses traductions littéraires, entre autres le Prix Nijhoff. Il est membre honoraire étranger de l’Académie royale de langue et littérature néerlandaises de Belgique, sise à Gand.
Pause
16h00-16h45
« La diffusion du français hors de France : contribution des communautés francophones périphériques et de la Belgique romane à une politique linguistique et culturelle », avec le soutien de la Délégation Wallonie-Bruxelles aux Pays-Bas.