Intersyndicale FLE-FLS du 24/11/2006 - Compte-rendu du Collectif FLE-FLS

Compte-rendu réalisé à partir des notes d’Amandine Bergère, de Véronique Lezine et d’Isabelle Maréchal. Relu et amendé par Chantal Forestal, William Charton, Gérard Ribot et Yannick Lefranc.

Etaient présents :
- Adami, Jean-Pierre FERC-CGT
- Bellanger, Jean AEFTI
- Bentz, Luc UNSA éducation
- Bergère, Amandine FLE Attaque, prof de FLE-FLS
- Bicler, Jocelyne Enseignant de FLE-FLS (Elsaunet - Strasbourg)
- Canova, Pascale SGEN-CFDT de l’étranger
- Charton, William Collectif FLE-FLS, Enseignant de Fle (Nancy - Université)
- Deknuydt, Bernard SNESUP
- De Miras, Michel-Patrick SNUIPP, prof de FLE-FLS (CLIN Paris 15e)
- Devernois, Serge Enseignant de FLE-FLS (CLIN Paris 15e)
- Fasoli, Solange FERC-CGT
- Forestal, Chantal Présidente du Collectif FLE-FLS, SNESUP
- Lauton, Michelle SNESUP
- Lebeaupin, Thierry Collectif FLE-FLS, SGEN-CFDT de l’étranger,
- Enseignant au CLA
- Lefranc, Yannick Collectif FLE-FLS, SNESUP
- Lezine, Véronique FLE Attaque, prof de FLE-FLS
- Maréchal, Isabelle Enseignant de FLE-FLS (CIDEF univ. catho de l’Ouest, Angers)
- Ribot, Gérard Collectif Fle Fls, Groupement fle.fr
- Sedraine, Christine Collectif FLE-FLS, SNESUP, Enseignant de FLE-FLS (U. Toulouse 1)
- Sourisseau, Jocelyne Enseignant de FLE-FLS (Univ. Toulouse 1)

Ouverture de la séance

Chantal Forestal, présidente du comité d’organisation du collectif FLE-FLS, SNESUP Nous sommes ici parce que le secteur est l’exemple le plus négatif de l’économie libérale : les enseignants sont de plus en plus « expulsables et jetables » car sans statut et sans contrat de travail à l’étranger comme en France.
Types de publics en France :
Des publics de tous les âges, des plus jeunes jusqu’à 65 ans. On compte 42600 primo-arrivants dans le primaire et le secondaire tous les ans : les CLIN (classes d’initiation, primaire), CLA (classe d’accueil, secondaire), CLA-ENSA (classe d’accueil, élèves non scolarisés antérieurement, CRI (rattrapage). Mais aussi la CIMADE (adultes) etc. Les nationalités se répartissent en 27% de Maghrébins, 10% d’Africains, 6% de Turcs, 14% de ressortissants de l’Union Européenne. 47% sont des enfants issus de familles défavorisées.

Les enseignants :
- A l’étranger : Les centres culturels ferment les uns après les autres, la France se désengage. La situation des enseignants se dégrade : contrats locaux, stages avec des bac+5. Le MAE, par exemple, emploie des stagiaires au tarif de 300 euros par mois.
- En France : Dans le public 63% des enseignants sont payés à l’heure. On peut prendre l’exemple de l’université « X », où M. Y a été employé en tant que IATOS. On gonfle les heures on multiplie les fausses missions. Absence de droits. La dite université a fait un recours illégal à une agence d’intérim avec des ordres de missions bidons. Les étudiants payent 4500 euros par an, les doits des étudiants ont triplé, sans que la situation des profs ou la qualité de l’enseignement aient changé. Les centres universitaires de FLE sont de plus en plus condamnés à être en marge de la fonction publique.

Dans le privé, on observe une succession de CDD, jusqu’à 8 (voire plus), une variété des statuts et des types de contrat ,variation des ’horaires et de salaires : de 11 à 15 euros brut de l’heure.

Amandine Bergère, FLE Attaque J’ai vu dernièrement une annonce à 8,27 euros brut.

Chantal Forestal Le secteur des migrants, quant à lui, est assujetti aux codes des marchés publics, qui met en concurrence des entreprises privées et des structures associatives. Les associations de proximité qui ont acquis une certaine expérience du terrain se trouvent dans l’obligation de licencier ou de fermer.

Ces dysfonctionnements dans le public et dans le privé augurent de ce qui va se passer pour l’ensemble des langues vivantes. En effet on voit partout à l’étranger comme en France se développer le parascolaire pour l’enseignement des langues qui fragilisent le système public. Parce qu’il y a un désengagement de l’Etat de plus en plus de parents payent un cours privé à leurs enfants bien entendu l’anglais langue étrangère se développe au détriment du français qui recule.

Se pose le problème de le reconnaissance de la didactique des langues-cultures au sein de l’Université française .Lors de la prochaine séance du (le 29/01/2007), sera soumise au CNU une proposition de modification de l’intitulé de la section 7ème section intitulé « Sciences du langage, linguistique et phonologie ». Nous proposons « Sciences du langage et didactique des langues-cultures .Avant de se prononcer sur ce texte Le CNU souhaite connaître la position des didacticiens. Lors de la réunion des responsables de maîtrise FLE à St Etienne, le changement d’intitulé a été voté à la majorité (27 pour, 1 abstention, 1 contre). Christian Puren et moi-même sommes au CNU. L’évolution est en marche.

Témoignages

Jocelyne Bicler : Prof de FLE En ce moment je suis en contrat d’octobre à janvier, pour 8 heures d’enseignement par semaine. Trois groupes : un groupe de personnes parlant français mais ne sachant pas lire et écrire, un groupe de FLE et un groupe d’alphabétisation. Je suis payée 14 euros brut de l’heure. La structure ne propose pas de matériel. A côté, je suis vacataire dans une entreprise (non FLE) et je suis correspondante d’un journal.
Avant, j’étais en Allemagne, à mon compte, à raison de 15 euros brut de l’heure.
A l’organisme X de Strasbourg, j’ai été contractualisée au mois, ne sachant jamais à la fin du mois si j’allais avoir des heures au début du mois suivant.
Dans ma recherche d’emploi, j’ai vu beaucoup d’annonces à 8 euros de l’heure, pour 30 heures de face à face pédagogique et 5 heures de préparation.
Les enseignants sont en concurrence avec le bénévolat ou les « femmes de.. ». Quand je prends contact avec les structures, pour du travail après janvier 2007, elles me répondent qu’elles ne prennent que des bénévoles.
Au Centre Européen de la Jeunesse de Strasbourg, en 2004, tous les pays d’Europe avaient payé leur cotisation pour l’enseignement de leurs langues, à l’exception de la France. Cela montre l’intérêt qui est porté à la question.
Au centre Y de Strasbourg, on propose des formations pour les diplômés comme pour les bénévoles. Les bénévoles ne voient pas l’intérêt d’enseigner aux gens comment acheter du pain ou lire une lettre administrative, on se heurte à des représentations très ancrées.

Chantal Forestal On voit dans l’enseignement supérieur le pendant de cette situation : Des maîtres de conférence et des professeurs qui n’ont jamais connu la classe de langue (ou seulement durant un mois ou deux pendant des cours d’ été…) qui forment les futurs profs de FLE.

Amandine Bergère J’ai travaillé dans le secteur associatif, à 12,20 de l’heure quand j’avais un contrat de travail. A côté je faisais des vacations à l’université ou dans le semi-public, à des tarifs variant entre 40 et 50 euros de l’heure. J’ai travaillé en CDII, sur ma fiche de paye, la convention collective était notée « Loi 1901 ». Pour compenser, j’étais vacataire à Science Po, à Dijon, à l’université de Tours en linguistique et dans un Institut. On est dans une insécurité permanente.
Le Contrat à Durée Indéterminé, Intermittent est prévu par la convention collective des organismes de formation (3249).
C’est un statut qui ne garantit pas les heures travaillées dans l’année. On a vu des profs de FLE accepter des CDII sans plancher d’heures. L’enseignant est à la disposition de la structure, quand on a besoin de lui. Les enseignants signent parce qu’ils ne connaissent pas les implications de ce contrat. On peut passer plusieurs mois sans heures de travail, donc sans aucune rémunération. Ce sont les plus souples et les plus disponibles qui sont sollicités.
Les enseignants signent aussi parce que le CDII permet de louer un appartement et permet / oblige à faire des vacations (à partir de 28 ans, l’université demande que le chargé de cours ait un employeur principal, pour ne pas payer les cotisations sociales).
Les CDII ne sont pas du tout connus par les services des Assedic et de l’ANPE.

Jocelyne BiclerIl y a des collègues qui travaillent depuis 10 ans en enchaînant les CDD. Il n’y a pas de CDI. Cela crée un climat malsain entre les profs.

Chantal Forestal Il faut parler des conventions collectives.

Gérard Ribot, Directeur de la communication du groupement fle.fr Témoignage d’un employeur privé. L’IMEF [dont GR est le directeur des études] est un institut privé d’enseignement supérieur, comme beaucoup de centres de FLE, même si c’est un statut peu connu. Le centre fait une déclaration d’ouverture auprès du rectorat de l’Académie. Mais les exigences sont variables selon les académies.
Le secteur du FLE est constitué par un clivage privé/ public, avec d’une part les universités, et d’autre part les associations et les écoles privées.
Les centres dits “universitaires” sont en réalité des écoles de langues qui se sont développées au sein des universités où elles développent une activité de nature de plus en plus clairement concurrentielle, avec des pratiques commerciales et des des modes de gestion de plus en plus comparables aux centres privés, tout en mettant en avant la tutelle prestigieuse (et porteuse commercialement) de l’université. Quant aux pratiques des centres privés, en matière d’emploi, il faut reconnaître que se côtoient le pire et le meilleur ; le pire étant les responsables de centre qui pratiquent notamment le “turn-over” sous prétexte qu’un « un prof qui reste trop longtemps, c’est une source d’emmerdements ».
Le groupement fle.fr agit pour faire prendre conscience aux employeurs publics et privés qu’on ne peut pas faire n’importe quoi et qu’il en va de l’intérêt de la profession à moyen et long terme.

Discussion générale sur le domaine FLE-FLS

Michelle Lauton, direction nationale du SNESUP Il faut soulever la question de la qualité des centres de formation. Un centre universitaire est sous la responsabilité du CNU et du CA de l’université. Ce n’est pas la même chose avec l’enseignement du privé, il n’y a pas de vérification nationale, pas de validation.

Gérard Ribot Attention, il y a deux choses à ne pas confondre quant on parle du FLE à l’université :

  1. la formation initiale FLE diplômante : Licence, Master, d’une part,
  2. les cours de FLE, proposés par le centre de FLE, destiné à un public d’étudiants étrangers et qui ne relèvent aucunement d’un cursus diplômant mais d’une activité école de langues.

Thierry Lebeaupin, Collectif FLE-FLS, SGEN-CFDT, prof au CLA de Besançon Le Centre de Linguistique Appliquée de Besançon a été créé dans les années cinquante . C’était un centre créé au départ pour permettre aux gens de faire des expériences d’enseignement (méthodes audio-visuelles), puis s’est devenu une association loi 1901, et peu à peu un service commun de l’université. Mais cela ne lui donne pas le droit de délivrer des diplômes.

Bernard Deknuydt SNESUP Dans les facs, il y a des statuts très différents : associations, centres de formation continue, instituts etc.
Est-ce que nous ne sommes pas en ce moment en train de voir les résultats de ce que nous avons mis en place il y a plusieurs années : des fonctionnements de statuts semi-publics et semi-privés. Nous sommes juges et parti. Nous sommes les patrons de notre propre précarité.

Luc Bentz, UNSA éducation Le secteur de la formation linguistique ne permet pas toujours de prévoir les besoins : les employeurs sont eux-mêmes victimes de l’insécurité sociale. Il semble impossible de créer de la sécurité professionnelle dans une situation très mouvante, avec des objectifs limités dans le temps. Il y a peu de CDII lissés.
Il n’y a pas de dispositif unique, car les profs interviennent dans les centres de façon ponctuelle. Dans ces conditions, comment uniformiser les statuts ? On peut se demander s’il faudrait créer une nouvelle branche. Aujourd’hui, il y a 230 branches professionnelles en France. Mais le champ FLE-FLS est trop restreint pour envisager une nouvelle convention collective. Pour l’instant, il n’y a pas d’interlocuteur patronal organisé.
Il faudrait réviser les conventions collectives en fonction du réseau. Le secteur de la formation est appelé à se développer avec la formation tout au long de la vie.
Par ailleurs, il faudrait une logique de qualité, et un système clair qui permettrait d’envisager une plus grande pérennité des emplois. Normalement, il faudrait un cahier des charges pour ouvrir une officine. On a dans ce secteur le pire du pire en matière de marchandisation ou de précarisation.
Sur le secteur public, les actions de formation sont non pérennes, on a soit des profs en heures supplémentaires, soit des contractuels. Par ailleurs il y a pression sur les GRETA en matière de charges. Il est difficile de savoir comment créer un CAPES FLE pour quelqu’un qui aurait à intervenir sur une douzaine d’établissements. On peut envisager une mention complémentaire.

Jean-Pierre Adami, FERC-CGT    Il faut éviter de schématiser l’opposition public / privé. Par exemple, Le CLA de Besançon est devenu un service commun de l’université, il a des comptes à rendre.
Il faut avoir un débat sur le processus de labellisation qui est mis en place par 3 ministères : Le Ministère des Affaires Etrangères, le Ministère de la Culture, le Ministère de l’Education Nationale et de la Recherche se sont mis d’accord pour passer à la moulinette tous les centres de langues, publics ou privés.

Isabelle Maréchal, Prof de FLE-FLS (CIDEF univ. catho de l’Ouest, Angers) Il ne faut pas schématiser : il y partout, dans le public comme dans le privé, de bonnes et de mauvaises pratiques.

Pascale Canova, SGEN-CFDT de l’étranger Les centres payent leur labellisation, ce qui est très discutable… Il y a mélange des genres, on paye pour la labellisation d’une part et pour la promotion de son centre d’autre part, alors qu’en est-il des critères qualité ? Il y aurait deux livrets ?

Jean-Pierre Adami Au CNESER [Conseil national de l’enseignement supérieur et de la recherche], il a été décidé que
- l’ensemble de la communauté (les organisations syndicales entre autres) doit pouvoir faire débat sur le guide pratique de la labellisation, pour qu’il y ait une position collective et non individuelle.
- les personnels publics ou privés ont possibilité de contester le référentiel et peuvent faire une contre-proposition (52 documents de procédure).
- les enseignants peuvent refuser d’avoir des auditeurs dans les cours, sans sanction. Mais ce tour de table, nous l’entendons depuis 10 ou 15 ans. Il y a maintenant un niveau qualitatif à franchir : il faut faire des propositions.

Chantal Forestal En quoi est-ce que le label qualité est dévastateur, il faut peut-être l’expliquer.

Jean-Pierre Adami L’effet touchera tout le monde et fragilisera le FLE-FLS par rapport à sa mission de service public.

Thierry Lebeaupin On demande aux enseignants et aux centres de rapporter beaucoup et d’être rentables. Les contractuels des centres universitaires sont maintenant des « accompagnateurs pédagogiques ». Pourquoi cette politique de maintien de la précarité ?

Solange Fasoli, CGT Pour ma part, j’ai une écoute interprofessionnelle des discussions, qui porte sur deux points :
- la mission de service public
- les personnels, la précarisation et la non-reconnaissance professionnelle Dans le cadre de la lutte, ces 2 priorités sont fondamentales dans la mise en place des actions. Il faut définir le cadre de l’emploi. On doit vraiment s’attacher à définir une validation commune qui fonde les personnels dans le cadre de l’emploi qui s’adresse à tous à la fois dans le public et dans le privé : certification nationale et VAE. On aura alors des choses sur lesquelles s’appuyer.
Il faut se trouver un cadre de réflexion, vers une reconnaissance et des salaires. Il ne faut pas se laisser dépasser par la diversité.

Chantal Forestal Gérard, est-ce que tu peux nous rappeler en quoi consiste la labellisation des centres de FLE ?

Gérard Ribot Nous sommes à un moment où des choix doivent être faits et les enjeux et les problèmes que nous nous posons viennent du fait que nous sommes immergés dans un contexte global de marchandisation.Il faut l’assumer et il faut savoir comment accompagner ces transformations : il faut être revendicatif envers les pouvoir spublics, mais aussi assumer ses propres responsabilités sur les questions de conditions de travail et de qualité.
La labellisation ministérielle et la mise en place des CEF Centres pour les Etudes en France procèdent des mêmes méthodes. La labellisation a été lancée en juillet 2004 par le Ministère de l’Education Nationale. Aujourd’hui, sur 180 centres sollicités par le CIEP (opérateur du projet), seule une vingtaine a candidaté. Cela montre bien quelle est la réaction des professionnels.

Nous avons tenté pendant 2 ans de participer à l’élaboration de cette labellisation, car la démarche qualité est une exigence qui s’impose à tous aujourd’hui . Mais faute d’une véritable concertation avec les professionnels ceux-ci ne se reconnaissent pas dans un dispositif administratif et peu adapté aux réalités professionnelles.
On a perdu une belle occasion de mettre en place un vrai partenariat entre les professionnels et les pouvoirs publics, indispensable si l’on veut impulser une dynamique au service du FLE. Au lieu de cela, les pouvoirs publics pratiquent une véritable politique de la terre brûlée, en voulant par exemple faire disparaître toute mention des groupements professionnels dans la prochaine édition du répertoire des centres de FLE publié par le MAE, et, plus grave encore, en faisant que l’administration soit tout à la fois instance de labellisation, de promotion et... de délivrance de visas ; bref un véritable système “à la soviétique”.

Il faut rappeler enfin que le budget prévu pour cette labellisation est de 1 million d’euros sur 4 ans, entièrement supporté par les centres (en majorité privés) que l’on a pris soin au préalable d’exclure de la mise en place du dispositif.

Yannick Lefranc, Collectif FLE-FLS, SNESUPAu-delà de la diversité des situations, on peut voir une logique d’insécurisation sociale. Par exemple, à l’université, on n’arrête pas de faire des réformes : après le LMD, on nous lance dans le PRES. Au niveau des organismes de formation, il y a une logique affreuse : la concurrence par appels d’offres, qui met la pression sur les centres, donc sur les salariés, et par contre-coup sur les apprenants. Les boîtes disparaissent. La pression s’observe partout, y compris à l’université.
Les salariés, accaparés par des tâches diverses et multiples, n’ont plus le temps de se voir ni d’analyser les situations pour avoir une vision d’ensemble.Il faut essayer de mettre un frein dans cet engrenage. Ainsi en ce qui concerne la labellisation et les audits des centres, comment peut-on contrôler les contrôleurs ?

Jean Bellanger, président de la Fédération des Associations pour l’Enseignement et la Formation des Travailleurs Immigrés et leurs familles (AEFTI)    Je suis tout à fait d’accord en ce qui concerne l’insécurité sociale. Je sens un changement par rapport à notre dernière réunion. Nous construisons un langage commun, ce qui sera mieux compris par les autorités. Quant aux formateurs ils sont victimes de la situation, ils manquent d’information.
L’AEFTI a fait un choix, qui est peut-être contestable. Nous avons dit oui au DILF, tout en mesurant ses limites, comme une première étape pour pouvoir faire avancer les choses.
Les conventions collectives sont à revoir. Il faut regarder les liens qu’il peut y avoir avec les branches professionnelles.
Nous sommes heureux que les organisations syndicales cherchent à avoir une base commune pour avancer.

Gérard Ribot    A propos de Centres pour les Etudes en France (CEF), qui ont commencé à se mettre en place il y a un an et demi dans 6 pays, et qui sont appelés à se généraliser : le dispositif vise à faciliter les procédures d’inscription des étudiants étrangers. C’est une bonne idée, mais génératrice de « dégâts collatéraux » (expression d’Antoine Grassin). Les CEF vérifient les parcours et les projets de l’étudiant étranger qui veut venir en France. Mais tout n’a pas été pensé. Ainsi ceux qui veulent venir en France plus de trois mois pour seulement apprendre le français ne remplissent pas les critères d’obtention de visa.
Ces choix portent préjudice à l’apprentissage de notre langue en France mais aussi à l’image de la France dans le monde. Nous avons alerté les élus, plus d’une vingtaine a répondu à ce jour positivement. Les choses semblent commencer à bouger du côté du MAE mais nous attendons que soit rendue officielle une directive qui “rectifie le tir” . Lorsque les professionnels se mobilisent et se rassemblent, des avancée sont possibles.
C’est dans cet esprit que les groupements ADCUEFE, Alliance Française, Fle.fr, L’Office, et SOUFFLE se rencontreront à Paris vendredi 8 décembre afin de débattre de la création d’une organisation professionnelle qui regroupe tous les centres de FLE.

Proposition de distribution des tâches

Jean-Pierre Adami Ta vision du dispositif CEF est optimiste. C’est la mise en place de l’immigration choisie, voulue par le Ministère de l’intérieur. Derrière, il y a toute une logique qui nous dépasse. Donc le tableau était nécessaire. Pour la démarche de labellisation : la démarche est bien fondée, mais il faut savoir quel type d’évaluation on fait, dans un contexte néolibéral poussé à l’extrême. Il faut aller plus loin qu’une contestation de l’aspect formel des choses.
Aujourd’hui, nous avons atteint un consensus large sur le bilan. Il faut utiliser la période dans laquelle nous nous trouvons. Il faut nous rassembler pour rédiger un document : créer un livre blanc avant janvier 2007
- le rôle social du FLE-FLS
- la reconnaissance institutionnelle, la France doit jouer son rôle dans la francophonie
- la reconnaissance de la discipline
- le rattachement à une branche professionnelle existante
- la question des usagers
- les structures : les centres universitaires, mettre en avant le principe de mission de service public.
- les personnels : le secteur est sinistré, il faut faire un état des lieux sans concession de ce qui se passe dans le secteur
- l’évaluation des centres : si c’est technocratique, c’est limité et risqué. Il faut une démarche qualité

Pour chaque point, il faudrait deux parties 1) Bilan 2) Propositions.
On envoie cela à :
- l’ensemble des candidats à l’élection en leur demandant des réponses. On fait une conférence de presse disant qui s’est engagé et comment.
- l’ensemble des institutions. Il faut faire pression sur les CA d’universités.
- tous les collègues pour les informer

Il faut créer un rapport de force.

Pour la labellisation, il faut rappeler les trois points d’engagement du CNESER

Serge Desvernois Prof de FLE-FLS (CLIN Paris 15e)Je représente les enfants qui sont dans le primaire. Je crois que nous sommes tous d’accord.
Mais il y a un silence radio sur le primaire au niveau des syndicats. Certes nous sommes considérés comme des privilégiés parce que nous sommes la plupart des titulaires. Mais on a un problème de définition de nos fonctions et de notre rôle : notre travail consiste non seulement à enseigner, mais aussi à prendre en charge tout un volet social. On est des référents pour ces enfants et pour leur famille. Or on a 27 heures d’enseignement , quand pouvons-nous nous occuper du volet social ? Il faudrait plutôt 18 heures par semaine en présence des élèves et du temps disponible pour le lien avec les familles, les assistantes sociales, les collègues des classes « banales » dans lesquels sont inscrits les élèves, etc.

Chantal Forestal Il faudrait définir le statut et les fonctions : le professeur de CLIN est à la fois enseignant et acteur social , encore faudrait-il prendre en compte cet aspect du service .

Michel-Patrick De Miras, SNUIPP, prof de FLE-FLS (CLIN Paris 15e) Nous avons une mission de diffusion de la langue française, mais nous n’avons pas de statut particulier. Dans la presse syndicale, il n’y a rien, alors qu’il y a des disfonctionnements patents, en particulier dans les CASNAV.

Michelle Lauton Nous souhaiterions une présence plus forte du SNES et du SNUIPP. Le collectif doit avoir une position plus forte sur la diffusion du français dans le monde, la défense de la francophonie et la question du CEF. Certaines choses sont en train de changer : on discute de la modification de l’arrêté de l’organisation des études en Master : il est question de pouvoir faire des cours en langue étrangère (traduire : en anglais). N’y-a-t’il pas menace pour notre langue au sein de l’université.

Jocelyne Sourriceau Sur ce point il convient de relativiser : les étrangers qui souhaitent suivre nos formations universitaires en France finissent aussi par apprendre notre langue et deviennent un facteur de diffusion à l’étranger.

Amandine Bergère On a beaucoup parlé du public, mais il ne faut pas oublier le secteur privé. Lors des Etats Généraux, les AEFTI s’étaient levés pour dire qu’ils ne se reconnaissaient pas dans ce qui se faisait. Nous devons travailler en synergie et il faut que les représentants syndicaux présents aujourd’hui fassent appel à leurs collègues représentants du secteur privé.

Les profs de FLE souhaitent se syndiquer, le désir est très fort. Les messages laissés sur le blog FLE Attaque le montrent. Mais ils souhaitent que le mouvement syndical réponde à des questions concrètes : les heures de face à face pédagogique (de 16 à 35 heures selon les conventions collectives), les salaires, les congés payés… Il faut travailler ensemble et réunir tout le monde.

Christine Sedraine, Collectif FLE-FLS, SNESUP, Prof de FLE-FLS (U. Toulouse 1) Il faut faire le livre blanc, il faut communiquer.

William Charton, Collectif FLE-FLS Aujourd’hui, beaucoup de choses sont en cours, mais aucune information syndicale ne redescend. De plus, en ce qui concerne le secteur public, de nombreuses décisions sont prises sans aucune véritable réaction des CA et des Cevu. Des départements fonctionnent sans statut, des contrats honteux sont proposés aux enseignants sans que les syndicats locaux ne réagissent. C’est là que nous attendons la présence syndicale.

Véronique Lezine, FLE Attaque Il faut qu’on soit concrets maintenant.

Luc Bentz Il faut creuser le problème, interpeller les syndicats
- Faire le constat d’un recul de la langue française
- Le barrage contre les étudiants étrangers qui veulent apprendre le français
- les status précaires, dans le secteur marchand et dans le secteur associatif.

Jean-Pierre Adami Propositions : ci-dessous la répartition de travail pour la rédaction d’un livre blanc à destination des responsables politiques

William Charton Il faut inciter les syndicats à renvoyer l’information. Il faut aider les personnels du privé et du public. Au moment où plusieurs universités via leur CA et leur Cevu vont voter les partenariats avec les CEF, la labellisation des centres, les CDI pour leurs enseignants Fle, une information efficace des Présidences d’université, des syndicats locaux et surtout des personnels est plus que jamais nécessaire. Dans le secteur privé, il faut que les sections syndicales locales aient conscience de l’extrême précarité des conditions de travail et offrent un réel soutien à ceux qui en ont besoin

Chantal Forestal


LIVRE BLANC DE LA LANGUE-CULTURE FRANCAISE

Proposition de répartition pour rédaction

- I fonction sociale de la « langue-culture française » Mission de Service Public

  • en France : insertion, intégration, luttes contre les discriminations : FLE, FLS, FLM (UNSA)
  • à l’étranger : défense de la langue française (francophonie) et de la diversité linguistique et culturelle (UNSA)

- II reconnaissance de la discipline

  • branche professionnelle (CPC à CNCP à RNCP (CGT)
  • formations de formateurs (1er degré, second degré, supérieur) (FSU)
  • recherche en didactique, langue, culture (FSU)

- III population concernée par la discipline

  • en France : enfants issus de l’immigration, adultes émigrés (SGEN-CFDT)
  • à l’étranger : étudiants (problème de visa), amoureux de la langue (SGEN-CFDT)

- IV structures de formation ( mission de service public, statuts juridiques, fonctionnement, modalités de gestion financière, modalités d’évaluation,…)

  • centres universitaires (FSU)
  • centres avec partenariat public/privé (PPP) (CGT)
  • associations du secteur non marchand (AEFTI)
  • centres privés du secteur marchand (Groupement FLE)

- V situation des personnels des centres de langue ( conditions de travail, recrutement, horaires de travail, conventions collectives, plan d’intégration,…)

  • personnels titulaires de la fonction publique (CGT)
  • personnels sur CDI (SGEN-CFDT)
  • personnels sur nouveaux CDI « fonction publique » (collectif FLE/FLS)
  • personnels en situation de précarité (vacataires, contractuels, CDII) (FLE Attaque)

NB :
- pour chaque partie de ce plan, il est indispensable que le groupe de pilotage et donc les rédacteurs de chaque partie fassent à la fois, un bilan et des propositions soumises au débat public.
- cette répartition indique simplement le nom de l’organisation responsable, de la rédaction de telle ou telle partie du Livre Blanc, en sachant qu’il est possible pour toutes les autres organisations de faire des propositions de rédaction sur les autres points.
- ce plan n’est qu’indicatif et peut être amendé, enrichi, remanié. En cas de modification, informer l’ensemble du groupe de pilotage.
- tous les rédacteurs feront apparaître, pour chaque partie du plan, les éléments en gras qui constitueront le sommaire du livre blanc (une page). L’ensemble du document devant faire, au grand maximum, une dizaine de pages.
- ce livre blanc sera envoyé à tous les candidats et groupes politiques se présentant aux prochaines élections (présidentielles et législatives), avec une demande de réponse et d’audience en les informant que les résultats de cette consultation feront l’objet d’une conférence de presse. Ce livre blanc sera également envoyé, avec demande d’audience, à la DGES, à la DREIC, au MAE, à la CPU… (date butoir pour l’envoi des parties rédigées pour chaque organisation le 15 janvier 2007 ?)

Jean-Pierre ADAMI Le 27 novembre 2006