Chronique du dimanche 22 janvier
2006 Bonjour
Elle s'appelle peut être Sophie, ou Sara ou Delphine.. peu
importe son prénom... cette auditrice m'a écrit cette semaine me
demandant de ne pas dévoiler son identité craignant, précise-t-elle,
de perdre son emploi...
Pourtant, elle ne travaille pas comme espion à la DGSE... ne
porte pas l'uniforme de la marine nationale ou de la
gendarmerie, elle est fonctionnaire de l'Éducation nationale... pas
au cabinet du Ministre.. mais dans un collège... où elle enseigne le
français à des enfants non francophones.
Et si son témoignage nous intéresse, c'est que la situation des
enseignants de Français Langue Étrangère qu'elle décrit n'est pas
nouvelle...
Écoutez plutôt :
Il y a des filières universitaires pour former les enseignants de
FLE, des éditeurs spécialisés qui proposent de nombreux ouvrages et
des outils pour enseigner cette discipline.
Ils étaient même bien représentés au 24ème
Salon Expolangues qui se tenait cette semaine à Paris !
Mais les professeurs, eux, n'ont aucun statut et ne sont toujours
pas reconnus..
Il n'existe pas de Capes, ni de concours pour le Français Langue
Étrangère.
D'ailleurs ajoute cette auditrice, les Alliances françaises ont
un lien étroit avec le Ministère des Affaires étrangères, pas avec
celui de l'Éducation Nationale.
Il y a donc des milliers d'enseignants français très bien formés,
souvent polyglottes, éparpillés dans le monde qui enseignent notre
belle langue, se battent pour diffuser la culture française sans
reconnaissance statutaire et pécuniaire.
La plupart exercent leur beau métier en CDD ou n'obtiennent que des stages peu
rémunérés.
Les CDI sont rarissimes, même après plusieurs années d'expérience !
Et pourtant pratiquement toutes les universités proposent cette
formation plus que jamais nécessaire, ne serait ce qu'en France, où
le nombre des enfants non francophones ne cesse d'augmenter.
Mais les classes d'accueil dans les écoles et les collèges, pour
prendre en charge ces élèves, venus d'ailleurs, est très
insuffisant...
Et si la classe existe dans l'établissement où ils sont
inscrits... les places sont chères... et presque toutes sont occupées dès
la rentrée de septembre..
Pourtant c'est tout au long de l'année scolaire que ces enfants
non francophones arrivent en France...
Alors qu'ils n'ont pas toujours été scolarisés dans leur pays
d'origine où ils ont été au centre de conflits meurtriers,confiés à
des passeurs pour un long périple vers l'inconnu, ballottés d'une
famille à l'autre ..
Nombre de ces jeunes se retrouvent inscrits dans leur classe de
niveau sans avoir été préparés et sans avoir bénéficié du moindre
cours de français.
Si les plus petits, inscrits en maternelle, deviennent
parfaitement bilingues en quelques mois ..
Pour les plus grands c'est plus long et plus compliqué... notamment
au collège.... où dans une même classe d'accueil le professeur doit
enseigner à 20, parfois 25 adolescents de 20 voire 25 pays différents...
Vous imaginez l'ampleur de la tâche, la passion et les
connaissance qu'il faut avoir pour le français, sa culture, ses
coutumes afin de transmettre au mieux à ces enfants déjà bien chamboulés par la
vie qu'ils ont vécue...
Autant de qualités que l'on trouve chez les enseignants en
Français Langue Étrangère...
Ils attendent chez eux qu'on les appelle !
bonne journée
et
à dimanche prochain |