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Abréviations : sigles et acronymes

Les sigles sont des abréviations constituées (généralement) d'initiales. Ils forment des abréviations particulières car les sigles sont traités comme des mots (le plus souvent des noms).

Il existe deux types de sigles, selon que l'on donne aux lettres leur nom : une H.L.M., la C.F.D.T., la M.S.T. ou selon qu'on leur donne leur valeur "normale" l'OTAN, le SGEN, l'AUPELF, le DEUG. Dans ce dernier cas on parle d'acronymes. On construit parfois des acronymes en prenant plusieurs lettres à la dénomination d'origine pour composer un mot aisément prononçable : le Benelux = Belgique, Nederland, Luxembourg, l'Inalco, Institut national des langues et civilisations orientales, le SNESup. Certains usages laissent le choix : Organisation des Nations unies : O.N.U. ou ONU (Onu), F.L.E. ou FLE (Fle) lus avec le nom de chaque lettre ou comme un mot. D'autres imposent la lecture lettre par lettre : D.E.S.S., D.E.A., A.U.F. Certains acronymes mixent les deux lectures : SNUIPP (ou SNUipp) lu "snu i pépé", DGCID (ou DgCiD), lu "dégécéidé" ou "dégécid".

L'usage classique était, lorsque les lettres gardent leur nom, d'écrire les sigles avec des majuscules et de faire suivre chaque lettre d'un point abréviatif (H.L.M., S.O.S., U.R.S.S.). Lorsqu'il s'agit d'acronymes, on supprimait d'ordinaire les points. Si le sigle équivaut à un nom propre on ne garde souvent la capitale qu'à la première lettre (l'Otan, l'OTAN). 

Si le sigle équivaut à un nom commun, il est parfois traité comme tel : minuscules et marque du pluriel (des ovnis) et peut avoir des dérivés, sérieux ou fantaisistes : ONU => onusien, SMIC => smicard, SIDA => sidéen, RATP => Eratépiste, RMI => Eremiste. Son origine est même parfois oubliée : radar.

L'usage actuel tend à traiter tous les sigles comme des acronymes, mais, contrairement à d'autres langues, aucune autorité n'a su imposer de règle communément acceptée de "bon usage".

On peut rencontrer concurremment le SGEN-CFDT, le SGEN-C.F.D.T., le S.G.E.N.-C.F.D.T. ou le Sgen-CFDT voire Sgen-Cfdt ou sgen-cfdt !!!!


Extraits du TLFi


SIGLE, subst. masc.
A. PALÉOGR. Lettre initiale d'un mot ou de plusieurs mots employée comme signe abréviatif sur les médailles, les monuments ou dans les manuscrits anciens. Le manuscrit médiéval maintenait dans le livre toute la souplesse, toute la palpitation communicative du dessin de la lettre; les graphies, les sigles laissaient la part belle à l'intervention personnelle du copiste (HUYGHE, Dialog. avec visible, 1955, p. 34).
B. Cour. Suite de lettres initiales constituant l'abréviation de plusieurs termes formant une unité de dénomination fréquemment employée. Les écoles nationales d'enseignement technique. Il paraît indispensable d'apporter quelques précisions à propos de ces établissements que l'on désigne d'ailleurs fréquemment par le sigle « E.N.E.T. » (Encyclop. éduc., 1960, p. 173). Les lettres constitutives des sigles sont le plus souvent écrites en majuscules et le plus souvent suivies d'un point (S.N.C.F.), mais le point est de plus en plus facultatif (SNCF) (D. D. L. 1976).
Prononciation et Orthographe :. DG, PASSY 1914, durée longue ou demi-longue de la voy. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymologie et Histoire a) 1712 fém. « lettre initiale employée comme signe abréviatif dans les inscriptions, les manuscrits anciens » (Mém. pour l'hist. des sc. et des Beaux Arts, Trévoux, p. 116 [traduisant le lat. siglae du titre d'un ouvrage: Tractatus de siglis veterum]), encore une attest. au fém. au XXe s. (REINACH, Mus. gr., p. 116); b) 1759 Sigles (sans indication de genre) (RICH.); c) 1832 subst. masc. (RAYMOND). Empr. au b. lat. des juristes sigla neutre plur. « abréviations, signes d'abréviation » (peut-être de singula « [lettres] isolées », les abrév. étant appelées singulae litterae par Probus, ou bien de signum « signe », v. ERN.-MEILLET).
DÉR. Siglaison, subst. fém. Formation de sigles à partir des lettres initiales de termes formant une unité lexicale fréquemment employée. Lorsque l'abréviation porte sur une unité syntagmatique ou phraséologique pour ne laisser subsister que certaines lettres initiales des mots appartenant à cette unité, on parle de siglaison (A. CLAS ds Leb. Spr. 1984, n o 3, p. 118). , [-gle-]. 1re attest. 1964 (DAUZAT); de sigle, suff. -aison*.
BBG. CALVET (L.-J.). Les Sigles. Paris, 1980, p. 7. DOPPAGNE (A.). Majuscules, abréviations, symboles et sigles. Paris, 1979, 104 p. GEHÉNOT (D.). Ling.: Quelques considérations sur l'état du sigle. Banque Mots. 1973, n o 6, pp. 133-149. GEORGE (K.E.M.). La Siglaison et les dérivation de sigles en français contemp. Fr. mod. 1977, t. 45, pp. 33-42. POINSOTTE (J.-P.). Dictionnaire des sigles médicaux. Paris, 1981, 143 p.
 
ACRONYME, subst. masc. (dans l'article -ONYME, -ONYMIE, -ONYMIQUE, élém. formants)
acronyme, subst. masc. ,,Groupe d'initiales abréviatives plus ou moins lexicalisé. On les prononce comme s'il s'agissait d'un nouveau mot, «prononciation intégrée» (l'/Urs/) ou en considérant chaque lettre séparément, «prononciation disjointe» (/U.R.S.S./)`` (DUPR. 1980).
Bbg. CHAURAND (J.). Des Croisements aux mots-valises. Fr. mod. 1977, t.45, p.12 (s.v. acronyme).

ABRÉVIATION, subst. fém.
I. Action d'abréger.
A. [Le subst. est suivi d'un compl. introduit par la prép. de]
DR. Abréviation du délai, de la procédure :

1. Plus d'instructions, plus d'interrogatoires, (...) Il reconnaissait dans l'abréviation de la procédure les vrais caractères de cette justice salutaire...
A. FRANCE, Les Dieux ont soif, 1912, p. 258.

MATH., LING., PSYCHANAL. :

2. ... les géomètres (...) ont assez fréquemment, recours à l'artifice inverse, qui est de supposer, pour l'abréviation et la commodité des calculs, une continuité fictive là où il y a réellement discontinuité. Ils n'obtiennent ainsi qu'une approximation des vrais résultats, ...
A. COURNOT, Essai sur les fondements de nos connaissances et sur les caractères de la critique philosophique, 1851, p. 312.

3. Il est plein d'admiration pour la langue chinoise, qu'il dit être faite seulement par le choc des idées, avec la suppression ou la sévère abréviation de toutes les inutilités des langues occidentales.
E. ET J. DE GONCOURT, Journal, juillet 1892, p. 274.

4. Ainsi s'expliquerait la « condensation » ou abréviation du contenu latent, le « déplacement », par lequel la charge affective d'une représentation se transporte sur un objet de moindre importance affective, en même temps que celui-ci remplace le précédent, ...
P. RICŒUR, Philosophie de la volonté, 1949, p. 359.

Rem. L'abréviation par la suppression (ex. 3) de certains éléments permet la « condensation » au sens où la psychanalyse emploie ce mot (ex. 4), mais peut aussi être responsable d'un autre côté d'une certaine approximation (ex. 2).
B. Spéc. Procédé par lequel on obtient une représentation graphique tronquée, mais suffisamment claire, d'un signe plus long.
LING. Mode de réduction des mots savants (techn., sc., admin.) passés dans la lang. commune, fam. ou pop. :

5. Abréviation. On emploie d'ordinaire ce terme pour désigner une réduction graphique (ainsi etc. pour et caetera), en réservant le terme d'abrégement à ce qui est une réduction réelle, ...
MAR. Lex. 1961, p. 12.

Rem. Certains linguistes emploient le mot abréviation au sens d'« abrégement » :

6. Le mode d'abréviation le plus usuel est celui qui ne conserve d'un recomposé que ses deux ou trois premières syllabes : métro (de métropolitain) ... stylo (stylographe) ...
H. MITTERAND, Les Mots français, 1963, p. 64.

MUS. Procédé de notation musicale consistant à employer des signes spéciaux évitant l'écriture répétée de notes ou séquences de notes identiques :

7. La ligne horizontale est un signe d'abréviation [en harmonie] pour remplacer le chiffre... elle indique que l'accord représenté par ce chiffre doit se prolonger sur les diverses notes de basse qui succèdent à celle sur laquelle il était placé.
F. BAZIN, Cours d'harmonie, 1857, p. 8.

TYPOGRAPHIE :

8. L'abréviation consiste dans le retranchement de plusieurs lettres finales ou médianes remplacées ou non par un point, en une combinaison de chiffres et de minuscules et même de supérieures, et par la substitution de lettres et de signes particuliers.
E. LECLERC, Nouveau manuel complet de typographie historique, 1897, p. 155.

II. Représentation ou signe obtenu par abréviation.
LING., GRAMM., TYPOGR. :

9. Si on aperçoit de nombreuses lacunes dans les raisonnements de l'empereur, et surtout dans la suite de ses développements, c'est qu'à Sainte-Hélène je consignais en hâte, me fiant sur ma mémoire pour développer en temps opportun, ou bien je me contentais encore d'abréviations, de signes hiéroglyphiques;...
E.-D. LAS CASES, Le Mémorial de Sainte-Hélène, t. 1, 1823, p. 968.

10. ... elle s'y accoutuma, déchiffra ces caractères, comprit les abréviations et les contractions, sut deviner les tournures et les mots vieillis; et elle finit par lire couramment.
É. ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 25.

Rem. L'exemple cité pour la typographie sous I B peut également convenir pour illustrer l'emploi II. En musique abréviation désigne également un signe d'abréviation.
PEINTURE :

11. Parce qu'il lui est arrivé de synthétiser en abréviations excessives, et parfois un peu gauches, des formes et des mouvements, on a dit sur tous les tons que Puvis de Chavannes ne savait pas dessiner.
A. MICHEL,
Sur la peinture française au XIXe s., 1928, p. 223.

Rem. Dans l'ex. suivant abréviation semble signifier « échantillon incomplet, mais suffisant » :

13. M. Yonkind (sic) ... a déposé quelques planches... singulières abréviations de sa peinture, croquis que sauront lire tous les amateurs habitués à déchiffrer l'âme d'un artiste dans ses plus rapides gribouillages.
Ch. BAUDELAIRE, Curiosités esthétiques, 1846, p. 293.

Étymol. Corresp. rom. : prov. abreviacioun; ital. abbreviazióne; esp. abreviación; cat. abreviació; port. abreviacão.
1. 1375 « version abrégée d'un écrit » (RAOUL DE PRESLES ds BERGER, Bible au Moy. Âge, 248 ds R. Hist. litt. Fr., I, 180 : Ce second livre es Machabieux est une abreviacion d'un grand volume); 2. « action d'abréger » terme gén. 1452-72 (Actes des Apostres, vol. 1, fo 87b ds GDF. : abreviation... de nostre voyage); XVe s. (?) (Cron. de Norm. de nouveau corrigees, fo 117 vo ds GDF. Compl. : abreviagion de sa vie).
Empr. au lat. chrét. abbreviatio, attesté au sens 1 dep. le IVe s. (Ambrosiaster, Migne, 17, 49 ds TLL s.v., 51, 7 : abbreviatio facta legis est; cf. 877 : pauca de multis in hac adbreviatione contexere, ANDRÉAS BERGOMAS, Hist. Longob. 1, p. 221-18 ds Mittellat. W. s.v., 15, 6); à remarquer que abbreviatio désigne dep. ca 1200 (Gaufroi de Vinsauf) le procédé styl. très en faveur au Moy. Âge consistant à rédiger la version abrégée d'un écrit (opposé à la dilatatio). 2 est en lat. médiév. un élargissement de 1 (cf. abbreviatio dierum, vitae, ibid. 15 sq.).
HIST. Mot entré dans la lang. au XIVe s. avec un sens qui n'a pas subsisté (cf. étymol. 1, 1 attest. isolée). Il prend au XVe s. un autre sens (cf. étymol. 2) qui reste gén. (cf. avec abréger, sém. I 1) jusqu'au XVIIe s. : Pour l'abréviation de la guerre. TAVANNES 1573, Mémoires, publ. en 1657. Puis il se spécialise dans le domaine de la lang. écrite, et, enregistré comme tel par tous les lexicographes, devient le sens princ. du terme jusqu'à nos jours (cf. sém. I). P. ext. il signifie en outre dep. la fin du XVIIIe s. « l'emploi des lettres initiales d'un mot pour le désigner » (cf. Ac. 1798, 1re dict. à mentionner ce sens, et aussi sém. II); il se substitue alors à abréviature, de même sens, et vx (cf. ce mot, hist.). P. ext. également il connaît dep. le XIXe s. divers emplois, notamment en jurispr., abréviation de délai (cf. LITTRÉ et sém. I A), en ling., où il diffère de abrégement réservé aux réductions réelles (ell., phonét., etc.) (cf. sém. I B), en typogr. (cf. sém. I B), en mus. (instrumentale particulièrement) et en peint. (cf. sém. II B). Cet élargissement et la vitalité du terme sont dus sans doute à la pratique cour. de la chose, surtout à l'époque contemp. (cf. sém.).
STAT. Fréq. abs. litt. : 68.
BBG. BLANCHE 1857. BOUILLET 1859. CHESN. 1857. COMTE-PERN. 1963. DAINV. 1964. DEM. 1802. Éd. 1913. LITTRÉ-ROBIN 1865. MAR. Lex. 1961 [1951]. NYSTEN 1814-20. ROUGNON 1935. SOÉ-DUP. 1906. SPRINGH. 1962. VACHEK 1960.