http://www.bilinguefr.org - http://bilinguefr.org

Séminaire régional sur l’enseignement bilingue

Article écrit pour http://www.bilinguefr.ro par Mme Marie Anne RISMANN, chef de projet
Ce séminaire a été initié par la sous-direction du français et son organisation en a été confiée au poste de Skopje entre les 6 et 8 décembre 2004.
9 postes de la région ont participé aux travaux : Albanie, Bosnie, Bulgarie, Croatie, Kosovo, Macédoine, Moldavie, Roumanie et Serbie.

OBJECTIFS DU SÉMINAIRE

PROGRAMME DU SÉMINAIRE

En amont de la rencontre, chaque poste présent avait répondu à un questionnaire dont l’objectif était de fournir un état des lieux de l’enseignement bilingue dans la région. Une synthèse des réponses, présentée à l’ouverture du séminaire témoigne d’une grande hétérogénéité de développement, malgré certaines pratiques communes.

Des pays francophones de longue date ou avec une certaine expérience de l’enseignement bilingue, tels que la Roumanie et la Bulgarie, et la Moldavie qui bénéficie d’un soutien important de la part de l’AIF, ont un socle solide de sections bilingues francophones, une politique de consolidation est par ailleurs mise en place. En revanche, dans les pays de l’ex-Yougoslavie et en Albanie, la situation des sections bilingues paraît plutôt fragile. En Macédoine, grâce à l’appui significatif du poste, le dispositif est en voie de développement.


Les travaux se sont organisés autour de 4 ateliers :

Atelier 1 : TICE et conception du matériel pédagogique

Des sites Internet existent ou sont en cours de construction dans la moitié des pays représentés. Toutefois ces sites en sont à leurs débuts et il est prématuré d’envisager un site à caractère régional, ce d’autant plus que les problèmes d’alimentation et de maintenance sont encore fort répandus. En ce qui concerne le développement futur de ce volet, il convient de considérer deux points :
-  Les ressources : la plupart des documents sont aujourd’hui sur support papier ; l’utilisation des TICEs est encore trop limitée. Il est souhaitable de créer des brochures disciplinaires sur support électronique.

-  La coopération : organiser la mise en ligne de ces documents en permettrait la mutualisation.

Pour poursuivre dans cette direction, nous envisageons en Roumanie une coopération accrue avec l’AIF. Il s’agit en effet de monter un projet « Inforoutes de l’information » avec d’autres partenaires tels que le Canada, le Viet Nam et l’Ile Maurice.

Atelier 2 : « Recrutement, évaluation et certification »

Recrutement, évaluation et certification sont des domaines réservés quasi-exclusivement aux autorités nationales. Afin de changer les représentations relatives au type d’élève, aux méthodes d’enseignement et au type d’évaluation qu’il convient de pratiquer, il paraît nécessaire d’entamer une réflexion sur l’enseignement bilingue et les bénéfices que l’on est en droit d’attendre d’un tel enseignement. L’approche pédagogique ne peut être élaborée que lorsque les objectifs à atteindre sont bien définis.

Partout le recrutement des élèves constitue un problème majeur ; il est important de prendre plus en compte la potentialité des élèves.

L’évaluation est également source de soucis car les pratiques sont fort hétérogènes et il est souhaitable de mettre en place une charte définissant des critères communs, applicables dans toute la région.

En ce qui concerne la certification ou l’évaluation sommative, la tendance est d’introduire une certification DELF/DALF en parallèle à la certification nationale. Une formation des examinateurs ainsi qu’une harmonisation des pratiques s’imposent.

Atelier 3 : « Formation linguistique et méthodologique des enseignants »

Un tour de table a permis de constater que certaines pratiques existent, communes à tous les pays présents :

-  formation linguistique des professeurs de DNL, en présentiel et à distance
-  transfert de pratiques pédagogiques par différents moyens : formateurs de formateurs, observations de cours, stagiaires FLE Au centre : Laurent Gajo (Genève) Diverses difficultés sont également communes à tous les pays :

-  manque de matériel adapté
-  contraintes liées à l’application des programmes nationaux
-  manque de reconnaissance
-  hétérogénéité des élèves

Pistes à suivre : la mise en place d’une formation spécifique qui tiendrait compte des trois composantes de la compétence bilingue :

-  compétence de communication - privilégier une approche par tâche
-  compétence bilingue - intégrer des savoirs disciplinaires et des savoirs linguistiques par le biais de l’interdisciplinarité. Dans ce contexte, le projet bilingue en Roumanie avec son approche par module pluridisciplinaire prend toute son importance.
-  compétence sociale - adopter une méthodologie interactive dans la mise en œuvre.

L’enjeu est ici double, il s’agit en effet de former efficacement les enseignants et capitaliser sur le matériel pédagogique. Il semble donc important de mettre en oeuvre la proposition d’organiser des séminaires par discipline qui déboucheraient sur la production de cahiers méthodologiques utilisables dans tous les pays.

Atelier 4 : « Statut, impact et visibilité des sections bilingues dans les systèmes éducatifs nationaux »

Cet atelier s’est penché sur la question de l’appropriation du dispositif bilingue par le système éducatif national.

Nous avons tenté de mesurer l’étendue de cette appropriation dans différents domaines : certifications, statuts, supports, formation continue et échanges culturels. Il ressort de nos échanges qu’il est nécessaire de définir une politique linguistique et éducative cohérente pour les sections bilingues afin d’assurer leur pérennité. Il est important que tous utilisent la même dénomination pour donner de la visibilité à ces sections. La terminologie du Conseil de l’Europe est sans aucun doute la plus appropriée. Ses experts soulignent le fait que les sections bilingues développent des compétences bi/plurilangues. Une fois démontrés les bénéfices multiples des sections bilingues, il convient d’élaborer une politique linguistique qui tienne compte des certifications.

L’amélioration du degré d’appropriation du dispositif passe aussi par une implication plus forte des autorités institutionnelles et administratives (chefs d’établissement, inspections). Le projet bilingue franco-roumain intègre cette dimension. De nouvelles initiatives conforteront l’an prochain ce qui a été entrepris en 2004.

Conclusion

D’une manière générale, les discussions ont été très fructueuses et des propositions concrètes ont été formulées : mise en place d’une liste de diffusion, mise en ligne de fiches sur le net, tenue de séminaires disciplinaires et méthodologiques...

Les réflexions de ces deux journées ont montré que de nombreuses interrogations relatives à la politique des sections bilingues demeurent.