La lettre de l'ASDIFLE
 
Numéro 6 - Décembre 2007

Feux verts, oranges, rouges
par Louis Porcher

Chacun éprouve des difficultés, ces temps-ci, à s’approprier sa destinée, à percevoir clairement vers quels lieux il se dirige, quelles responsabilités il lui revient d’exercer. Le champ qui nous occupe et nous réunit n’échappe pas à ces interrogations, à ces incertitudes, à ces doutes, et quelques-uns, comme toujours, profitent de la relative obscurité pour dessiner de fausses figures, des silhouettes improbables, plaider des causes qui ne comptent plus ni défenseur, ni, bientôt d’accusés.

Les lignes vertébrales de la didactique du FLE, désormais, sont plus nettes que jamais. La première touche à l’impérieuse nécessité de contribuer à la mise en place de politiques linguistiques opératoires et bien définies. Quels types de langue maternelle, quelles dimensions de ceux-ci, quelles langues régionales, quelles langues étrangères, convient-il de développer ? Il n’est que de fréquenter, même un peu les médias, pour se confirmer dans l’idée qu’il s’agit vraiment de la priorité absolue.

De là découle logiquement, et depuis longtemps, la deuxième priorité : quelles langues pour les étrangers venus vivre parmi nous ?

Avec les politiques linguistiques, de véritables politiques éducatives doivent être fondées. Les aménagements constants de l’institution chargée de l’enseignement restent presque tous de nature cosmétique. Quoi enseigner, comment, pour qui, avec qui ? Telles sont les questions, aiguës et raides, auxquelles il faut s’affronter. Pour l’instant nous avons, presque tous, fermé nos yeux égoïstes devant ces évidences. De grâce, au moins, ne venons pas nous plaindre.

Alors surgit la question autour de laquelle nous tournons : comment transmettre les langues et cultures françaises à des étrangers ? Comment répondre aux besoins de ceux-ci et quels sont-ils ? Comment les motiver ?

Le reste, tout le reste, c’est seulement de l’ignorance ou de la bonne conscience. J’ai peur que le temps en soit fini.

Louis PORCHER