La lettre de l'ASDIFLE
 
Numéro 6 - Décembre 2007
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Cette année au stage d’été de Caen, le BELC fêtait ses 40 ans

par Geneviève BARAONA

Cet article est composé à partir d'extraits du livret édité par le CIEP « Le BELC a 40 ans ».
Dans ce livret, Francis Debyser, directeur du BELC de 1967 à 1987, puis directeur adjoint du CIEP de 1987 à 1998, nous rappelle comment et combien cet organisme œuvra pour le développement du français langue étrangère.


Le BEL, Bureau d’Études et de Liaison pour l’enseignement du français dans le monde, créé dès 1960 (presque en même temps que le CREDIF) avec le statut d’association loi 1901, (« pour l’étude des moyens d’enseignement et de diffusion de la langue française ») à l’initiative de Guy Capelle, spécialiste de méthodologie des langues vivantes, est un organisme qui aura pour tâche de préparer et encadrer les professeurs détachés, remplissant ainsi un rôle complémentaire à celui joué par le CREDIF. À l’époque des trente glorieuses, la France qui désire retrouver un positionnement au plan international et diffuser au mieux, avec le ministère des Affaires étrangères, la langue et la culture françaises (40 000 détachés à l’étranger, Alliance Française et coopération) va proposer, à travers le BEL, des formations aussi bien pour les enseignants français que pour les professeurs nationaux.

Dans les années 60, l’organisme va jouer un rôle de premier plan dans la diffusion des méthodes nouvelles et de la réflexion sur la didactique des langues (colloques de linguistique, contribution à la création de l’Association Internationale de Linguistique appliquée, séminaires européens de linguistique appliquée). Ses travaux, influencés d’abord par le structuralisme, portent alors sur la phonétique, l’analyse linguistique, la grammaire, la morphologie et la lexicologie. La parution du Français fondamental a bouleversé la vision de l’apprentissage des langues en donnant la primauté à l’oral, et en privilégiant de surcroît une langue contemporaine. La revue Le Français dans le monde, dont les rédacteurs appartiennent au BELC, couvre tous les courants de la didactique des langues et du FLE.

Rattaché au CIEP en 1966-67, au moment où Francis Debyser en devient le directeur, le BEL devient après l'absorption du  CREC (Centre de Recherche pour l'Enseignement de la Civilisation, fondé par Guy Michaud), le BELC, Bureau pour l’enseignement de la langue et de la civilisation françaises à l’étranger. Les stages d’orienteurs pédagogiques prennent de l’importance, des stagiaires étrangers y sont associés aux stagiaires français, les stages annuels se développent.

Auprès du BELC, est créé en 1973 un Centre de documentation pour la formation des travailleurs migrants et de leur famille rattaché au CNDP (Centre national de documentation pédagogique).

Dans les stages d’été organisés successivement à Besançon, Aix-en-Provence, Grenoble, Saint-Nazaire, Marseille-Luminy, Strasbourg et enfin Caen, les conférences initiales sur les théories de l’apprentissage et la linguistique évoluent vers des modules très diversifiés, participatifs, (dynamique de groupe), approches communicatives (Niveau Seuil) sémiotique, analyse du discours (années 70). Avec la collaboration de jeunes chercheurs en sociologie, sociolinguistique et ethnographie de la communication, le BELC s’attache à développer la pédagogie du document authentique. Au tournant des années 80, le français langue étrangère entre à l’université, le métier de professeur de FLE se professionnalise ; la transformation majeure qui marque l’histoire de la spécialité n’est ni théorique ni méthodologique mais institutionnelle : en 1983, 25 universités ouvrent les premières mentions FLE des licences, la maîtrise est créée en 1984 ; la politique de formation développée au BELC prend rapidement en compte cette nouvelle dimension, en offrant au sein des stages la possibilité de suivre parallèlement un cursus universitaire (1991).

Dans les années 90, la pédagogie interculturelle fait son apparition, ainsi que les usages didactiques de la vidéo.

À partir de 1992, les stagiaires qui le désirent peuvent préparer la mention FLE des licences ou une UV de maîtrise FLE.

En 1994, le BELC reçoit une nouvelle déclinaison en « Bureau d’Études pour les Langues et les Cultures » et déménage de la rue Lhomond, quartier latin, à Sèvres.

En 1997 le programme du stage évolue vers la mise en place de projets européens, l’auto-apprentissage, les cultures d’apprentissage. Le BELC commence à accepter des stagiaires payants (contrats de formation entre formateurs et stagiaires).

Utilisant des techniques issues de l’ingénierie de la formation (évaluation des besoins, conseils, référentiels de compétence, évaluation), le stage BELC met en oeuvre une politique de formation répondant à l’évolution du FLE dans ses dimensions professionnelles (formations tout au long de la vie). Les stages BELC, dans leurs contenus de formation, sont organisés en parcours professionnels.

Autres temps autres mœurs. Nous gardons toutefois en mémoire cette vision d’« une troupe de saltimbanques atypique, peu hiérarchisée » qu’aucun de ceux qui connurent la « rue Lhomond » ne pourra oublier, attaché aux paroles de Francis Debyser qui en fut le maître d’œuvre selon une « habitude de la concertation et de l’information constantes, ayant modelé en profondeur et pour longtemps l’esprit de la maison ».