La lettre de l'ASDIFLE
  Numéro 4 - Janvier 2007

FIPF, Europe et Langues
par Geneviève Baraona

S’il existe depuis un certain nombre d’années des réunions des différentes associations des enseignants de français d’Amérique du Sud (Sédifrale), c’était la première fois qu’une manifestation réunissait les deux commissions européennes de la FIPF, la CEO (Commission de l’Europe de l’Ouest) et la CECO (Commission de l’Europe centrale et orientale). Ce projet s’est développé avec le constat que, depuis la résolution de Barcelone de 2002, signée par les 25 membres de l'Union européenne, pour l’apprentissage précoce de deux langues et la promotion de la diversité linguistique en Europe, l’apprentissage du français n’a cessé de diminuer

Ainsi, depuis deux ans, à la CEO, les enseignants grecs, italiens, anglais, portugais de français dressent un tableau malthusien de l’état du français dans leur pays, suite à des réformes ayant entraîné suppressions d’heures et de cours de langue devenus optionnels, (le français arrivant souvent en troisième position après l’anglais et l’espagnol), présageant à moyen terme la disparition de leur poste et de leur enseignement.

Partant de cette situation et de l’impossibilité à faire entendre des voix isolées, portée par la FIPF, l’idée de réfléchir à une « politique commune européenne pour le français », a vu son aboutissement dans ce premier Congrès européen de la Fédération internationale des professeurs de français (FIPF) qui s’est déroulé à Vienne, du 2 au 5 novembre 2006 intitulé Le français une langue qui fait la différence.

Cette thématique permettait de réfléchir de façon cohérente à la place du français à côté des autres langues, au plurilinguisme/pluriculturalisme et d’aborder les travaux et applications du Conseil de l’Europe à travers les usages du port-folio, et du Cadre européen commun de référence pour les langues.

On a pu ainsi écouter, à la fois

Une large part était par ailleurs faite aux didacticiens, aux pratiques et aux approches traitant de l’autonomie de l’apprenant, de la compétence culturelle (TICE et surtout Internet, et usages des médias, regards croisés sur les textes, travail sur les représentations avec port-folio, histoires de vie et journaux de stage, projets en relation avec l’environnement), de pédagogie différenciée, de démarche actionnelle (notions de tâches, d’objectifs, de conscientisation de l’apprentissage, de stratégies de compensation à développer d'un niveau à un autre avec compétences intégrées) avec recentration sur l’apprenant ; les communications sur les certifications et évaluations posaient la question la formation des enseignants : impliquant un changement de regard sur les langues et leur apprentissage, la notion de compétence partielle ne risquait-elle pas d’être gommée au profit de la notion de niveau, étalonnage légitimé pour une nouvelle homogénéité à atteindre ?

Enfin, les politiques linguistiques constituaient le troisième axe de ce congrès.

Un pan en était consacré au statut des associations, à leur implication dans la formation initiale et continue, à leur reconnaissance face aux institutions nationales, européennes et internationales aux côtés des autres acteurs francophones, s’agissant du développement du français et des autres langues en Europe.

Le moment fort de ces débats et positionnements eut lieu lors de l’Assemblée générale de la FIPF qui aboutit à une lettre, adressée aux gouvernements et à tous les organismes concernés représentés au congrès européen (ministères, chercheurs, acteurs de la francophonie, société civile), la Déclaration de Vienne du 4 novembre 2006, se référant à l’UNESCO, et demandant le respect et le développement du plurilinguisme avec la création d’un Observatoire de veille du plurilinguisme.

Pour la lecture de la Déclaration, consulter ce lien.

Hors le plaisir, toujours au rendez-vous des retrouvailles avec les amis du monde de la didactique du FLE et des langues, ce congrès a aussi permis de mieux définir les objectifs des associations faisant partie de la fédération qui propose entre autres pour faire de cette association un réseau de professionnels opérationnels, d’animer des formations initiales et continues à travers un annuaire d’experts.

Au cours de la réunion en assemblée des membres de la CEO, un premier bilan du congrès a pu être ébauché, concluant à l’amélioration du fonctionnement des commissions, et faisant le point sur les relations avec le MAE (ministère français des affaires étrangères), l’OIF (Organisation Internationale de la Francophonie) et les autres gouvernements francophones (dans leurs actions ou pas, en faveur de la langue française).

L’ASDIFLE, représentée auprès de la FIPF, à travers la CEO, a pour sa part rappelé sa spécificité - seule association active de français langue étrangère de ce type à ce jour -, ses activités (travaux et rencontres), et a pu informer les collègues étrangers de l’état de l’enseignement du FLE en France, et de la politique des langues (livret de Supplément aux programmes de langues, prenant en compte le CECR à l’Education nationale), un état des lieux permettant de mieux évaluer des problèmes à l’échelle européenne.

Le prochain congrès se déroulerait peut-être en Pologne, en 2008, pays qui s’est porté candidat à son organisation.