La lettre de l'ASDIFLE

 


Numéro 10 - Janvier 2011


L’approche actionnelle et le bonhomme de neige

Conte didactique de Noël et Nouvel An

Comment s’y prendre pour construire un beau bonhomme de neige, bien solide ?

En voilà une interrogation qu’elle est didactique ! Munissons-nous de notre CECR et observons la situation d’apprentissage.

Les apprenants roulent et tassent de la neige pour en faire, les uns, des boules (munitions éventuelles et/ou contribution au bonhomme), les autres, des rêves : ils identifient, rassemblent et tassent un socle où ériger le fameux bonhomme, tandis que l’observateur se reporte à son CECR rouge et vert, pour y trouver, page 15, « tâche » et page 105, « compétences partielles ». Comment faire pour que les compétences partielles de chacun s’additionnent de façon à accomplir la tâche ? Affaire d’organisation, oui, d’accord, mais QUI ?

L’observateur, qui par ailleurs doit rédiger son mémoire de stage, se ronge les ongles, cependant que les bâtisseurs de socle et les rouleurs de boules de neige fonctionnent chacun dans leur monde et pour leur plus grand plaisir (ici, on aura reconnu les principes de l’économie libérale d’Adam Smith).

Oh la la, le CECR, suppôt caché du capitalisme post-moderne ? Non, pardon, défenseur du plaisir à jouer des enfants. Peut-être aussi sauveteur du prof débutant en plein dans les affres de son mémoire à rédiger. La mine dubitative de ceux qui sont en pleine rédaction de leur mémoire flotte dans l’air glacé… il a neigé à Noël, c’est un vrai Noël ! - Pas un cadeau, pensent certains.

Heureusement, il y a le chien. Il passait par là, s’est arrêté, a coordonné l’action des rouleurs de boules et celle des faiseurs de socle, dont la photo montre un leader (c’est son style d’apprentissage) :

  • Hé regarde un peu, mon bonhomme, ils sont où les bras ? Et toi, tu n’en as pas ?
  • Euh si, si, voilà des branches, de la neige, des cailloux.
  • Bon, non, on va voir ce qu’on peut faire. Laisse-moi d’abord évaluer la figure de ce bonhomme de neige : le nez, aplati ? Pour l’interculturel, c’est ça ? Et les yeux, des coques de noix… bon. Quant à la bouche, elle pourrait être plus gaie. Il s’ennuie, ce bonhomme ? Et vous, vous vous êtes ennuyés, jusque là ?
  • Non, non… mais dis-moi, chien, comment on s’y prend pour faire sourire un bonhomme de neige ?
  • Ah ah ! Enfin une bonne question ! Tu es en train d’apprendre l’al-té-ri-té, bravo. C’est Noël !!!

Et le chien passe une grande langue rose sur la figure du bonhomme de neige pour le faire sourire, et ça marche : il lui vient aux joues et à la bouche du rouge échappé du CECR, quant au vert des bandeaux du titre, il sert à tresser quelques lauriers pour le bonhomme et les futurs lauréats (« évaluation positive », CECR page 35). Alors les enfants reviennent tous vite de leurs jeux divers pour s’occuper de faire rire et sourire leur bonhomme hiver, en un mot l’humaniser. Jusqu’au prochain et redoutable redoux, pour d’autres activités – pardon, d’autres « tâches » (CECR page 15).