n° 31 - août 1999
Comme beaucoup d'entre vous lavaient entrevu depuis longtemps sans toujours oser le dire, et comme l'Asdifle fa manifesté souvent, notamment lors des Rencontres, les dernières manifestations de lassociation ont confirmé que lévolution du FLE se situait désormais à larticulation claire (et compliquée) des sciences du langage, des sciences de léducation, et des sciences de linformation et de la communication.
Le problème se posait certes depuis longtemps, mais, cette fois il apparaît de manière radicale, en particulier, bien entendu, pour les gens du terrain, assaillis par les technologies nouvelles dont aucun appartenant à une discipline quelconque, même réputée noble, ne peut légitimement se prétendre spécialiste. Il faudra donc, impérativement, que nous mettions cet enjeu, lors de la prochaine année, au programme de nos discussions, de nos contributions, et que nous fassions appel à des collaborations nouvelles.
L'Assemblée générale du 18 juin 1999 a donné lieu à une redéfinition du "bureau" et c'est ainsi que nous accueillons avec plaisir Patrick Beck comme trésorier, Françoise Bollonote comme secrétaire, Geneviève Zarate comme responsable des Lundis. Fabrice Barthélémy et Alex Cormansky ont accepté d'être commissaires aux comptes et surtout Philippe Normand pilotera les Rencontres de septembre 1999 à Paris. Nous les remercions tous de ce chaleureux appui.
Je vous souhaite, après je lespère d'excellentes vacances, une bonne reprise et vous donne rendez-vous pour les Rencontres les 10 et 11 septembre.
Marie-José BARBOT
présidente de l'asdifle
Les lundis de lasdifle
Le 18 juin 1999
A l'Alliance Française de Paris Le dernier Lundi a, comme de coutume, fait l'objet d une présentation de thèse à l Alliance Française de 15 h 30 à 16 h 30, avant lassemblée générale : il s'agissait du travail de Fabrice Barthélémy, thèse soutenue en 1998 à luniversité de Paris III sous la direction de Louis Porcher. Les courants presse-école et audiovisuels ont alimenté dès les années 1960 une réflexion sur une formation " citoyenne " aux médias dans laquelle l'actualité a constitué un cordon ombilical entre "les deux dinosaures " - selon l'expression de L. Porcher - que forment les systèmes éducatif et médiatique. Cependant la pénétration des médias dans la citadelle scolaire se fait toujours "à dose homéopathique (L. Porcher, 1994). Ne faut-il pas chercher le noeud du problème de cette interaction difficile au niveau des représentations mentales des acteurs de ces champs ? |
Communes et, communicables, les représentations constituent une partie de lunivers individuel de chacun, sont également présentes dans la vie des groupes, s'élaborent, se combinent, se repoussent ou se partagent Leurs systèmes possèdent des caractéristiques compatibles avec les concepts d'habitus, de disposition ou de schème classificatoire (P Bourdieu, 1992). Elles s'inscrivent dans "des logiques de champs", forment un ensemble organisé d'opinions, d'informations, un système de classification et de hiérarchisation, fruit de schèmes- de pensée individuels et collectifs, guident et orientent les attitudes, c'est-à-dire les prises de position des acteurs. Le choix d'un corpus constitué de journalistes radiophoniques et d'enseignants du secondaire n'est donc pas innocent, tant leurs caractéristiques en font des acteurs privilégiés d'une possible coopération (positions respectives dans leurs champs, publics et médiations partagés...).
Comme J. Piette le démontre, les contenus des programmes d'éducation aux médias sont intimement - et le plus souvent inconsciemment - liés aux courants de recherche sur la communication de masse (J. Piette, 1996). En ce sens, la représentation de linfluence des moyens de communication de masse infléchit les rapports qui se tissent entre récole et les médias. Il convient de ne pas succomber à la hantise d'une invasion médiatique abrutissante, ni de prêter aux médias, à linverse, toutes les vertus pédagogiques et émancipatrices.
Globalement, ces derniers ne suscitent qu'une indifférence de circonstance et un intérêt pédagogique limité pour ces enseignants qui, concernant la télévision, s'inscrivent toujours dans la dynamique des paradigmes critiques. Ils considèrent que celle-ci est responsable de la violence, génère fatigue et paresse, explique le manque d'investissement de leurs élèves en classe en distillant une culture "superficielle" dont les valeurs se situent aux antipodes de celles qu'ils pensent devoir véhiculer (passivité / créativité, formation / divertissement, effort / plaisir, etc.), situant ainsi toute action de formation aux médias dans une perspective encore "vaccinatoire" (L. Mastermann, 1994). Abordant la notion de communication, les enseignants se réfèrent implicitement à un modèle communicatif partiel et réducteur à travers une relation émetteur-récepteur "abreuvante" qui, inspirée par la théorie de linformation, relègue au second plan la problématique de la réception, de (activité du sujet, de la construction du sens.
Leurs images réciproques sont fidèles à celles, plus générales, qui circulent dans lopinion publique et qui furent révélées à travers de nombreux sondages. Dans les discours des interviewés émerge tantôt une vision indifférenciée des métiers et des rôles, tantôt une interprétation manichéenne et stéréotypée des différences. Un métier qui s'est le plus souvent imposé la diversité des parcours et des motivations des acteurs de chaque champ.
La réticence des interviewés à appliquer à leur trajectoire la qualité de vocation et la mise en relief de leurs identités contribuent à lérosion d'un sentiment corporatiste fort et d'une "sacralisation du métier" qui constituaient un frein à toute innovation dans une perspective coopérative.
Des enjeux communs s'esquissent Certains sont circonstanciels et utilitaires (retrouver la confiance d'un public qui constitue le tiers absent de cette communication pour le journaliste ou s'ouvrir à Pair du temps et enrichir la palette d'outils pédagogiques pour renseignant), d'autres sont plus essentiels. Le sentiment de contribuer à la formation d'un esprit critique qui implique des fonctions didactiques et pédagogiques, apparaît légitime et nécessaire dans le cadre d'une éducation aux médias dont les contours et contenus restent vagues.
Passe-partout dans lequel se glissent des pratiques hétéroclites et des concepts peu opératoires, (éducation aux médias se construira probablement par "bricolage", selon le sens de Lévi-Strauss, cest-à-dire avec les moyens du bord et par touches successives. L'école ne peut toutefois continuer à ignorer ce nouvel habitus médiatique et doit prendre en charge cette éducation aux médias par souci égalitaire, car on ne peut se satisfaire des aléas dont elle est aujourd'hui dépendante (intérêt et formation des enseignants, bénévolat...). Une véritable éducation aux médias n'a de chance de se pérenniser qu'en se constituant en discipline à part entière, sans pour autant en exempter les autres, car elle est de la responsabilité de tous. La contribution des professionnels des médias, autour d'un enseignant coordonnateur par exemple, permettrait d'insuffler une dynamique nécessaire, de nouvelles approches pédagogiques et de nouveaux rapports aux savoirs. Il en va de la crédibilité de récole alors que ces savoirs (et les façons d'apprendre) se déplacent de plus en plus vers ceux qui, jadis, voyageaient vers eux.
Fabrice Barthélémy.
Pour en savoir plus
Pierre Bourdieu : Réponses (Pour une anthropologie réflexive), Seuil, 1992.
Len Masterman et François Mariet : L'éducation aux médias dans lEurope des années 90.
M. McLuhan : Pour comprendre les médias(Les prolongements technologiques de lhomme) Mame / Seuil, 1968.
Jacques Piette : Education aux médias et fonction critique, L'Harmattan, 1996.
Louis Porcher : .Lécole parallèle, Larousse, 1974.
Louis Porcher : Télévision, culture, éducation, Armand Colin, 1994.
Colloques
Association Franco-Arabe pour la Formation et l'Education (AFAFE). Le colloque aura lieu au siège du Conseil de l'Europe à Strasbourg.
Ali Belghith, président de l'AFAFE et responsable du projet Zénith (Ecole euro-arabe)
119, avenue de Stalingrad - 95100 ARGENTEUIL
Tél. / Fax : ++33 (0)1 39 82 85 08
Mél. :
ali.belghith@wanadoo.fr4 et 5 novembre 1999 : La didactique des langues dans lespace francophone : unité et diversité.
Colloque international de l'Association des Chercheurs et Enseignants
Didacticiens des Langues Etrangères (ACEDLE) à Grenoble.
Le comité d'organisation attend des propositions d'intervention.
Tél. : ++33 (0)4 76 74 73 92
Mél. :
Diana-Lee.Simon@grenoble.iufm.frParutions
GOHARD-RADENKOVIC, Aline
. Communiquer en langue étrangère. Des compétences culturelles vers des compétences linguistiques. Peter Lang, 1999.Fédération Internationale des Professeurs de Français. Théâtre et enseignement du français, le français oral. Revue "Dialogues et cultures", n°43, 1999.
BLOCHE, Patrick. Le désir de France. La présence internationale de la France et de la francophonie dans la société de l'information. Rapport officiel, la Documentation française, juin 1999.
Divers
Educasup pour le FLE
En ce qui concerne le projet EDUCASUP, système national d'information sur les outils pédagogiques multimédias pour renseignement supérieur, soutenu par le Ministère de l'Education nationale, de la recherche et de la technologie, Direction de la technologie, le FLE dépend de l'ENS Fontenay/Saint-Cloud sous la coordination de Christine Develotte. Il s'agit de recenser les produits de FLE effectivement disponibles pour une diffusion dans renseignement supérieur.
http://www.fcl.ens-fr/educasup/fle
http://www.cnam.fr/educasup/index.htm
! RAPPEL ! Cadre européen de référence Le Conseil de l'Europe est toujours en attente des résultats
d'utilisation du Cadre européen afin de préparer son document de synthèse. |
XXIVèmes RENCONTRES DE L'ASDIFLE
10 et 11 septembre 1999
ALLIANCE FRANCAISE DE PARIS
(Auditorium)
101 bd Raspail, 75006 PARIS. Métro: Saint-Placide ou Notre-Dame-des-Champs.
"Des nouvelles voies pour la formation"
Vendredi 10 septembre 1999
9 h | Accueil des participants |
9 h 30 | Ouverture des travaux par Marie-José BARBOT, Présidente de l'ASDIFLE |
9 h 35 - l0 h 40 | Conférence inaugurale "Quelles références pour la formation des enseignants au XXIe siècle ?" par René LABORDERIE, Université de Bordeaux |
10 h 40 - 11 h | Pause |
11 h - 12 h 30 | Table ronde " La formation à l'interculturel par l'interculturel " Modérateur: Gloria PAGANINI, ENS de Fontenay Saint-Cloud Avec Christine GEOFFROY, Université de technologie de Troyes, |
14 h - 15 h | Communications " Les techniques dramatiques en formation de formateurs " par Alex CORMANSKY, Université Paris III |
15 h - 15 h 45 | " La transformation de la formation par
le multimédia, la visioconférence et l'approche multiculturelle " par Claudine MULHSTEIN-JOLIETTE, Université Paris III |
16 h - 16 h 45 | " Enseigner à suivre sa voix " par Elizabeth GUIMBRETIERE, Université de Rouen |
17 h - 17 h 45 | " Télétuteur, un nouveau métier ?" par Elizabeth MASSACRET, CIEP, Sèvres |
18 h | Le Pot des éditeurs |
Samedi 11 septembre 1999
9 h - 10 h | " La formation à l'autonomie par
l'autonomie " par Maria Luisa VILLANUEVA, Université de Castellon |
10 h - 11 h | " La formation à distance des
enseignants " par Gilles BRETON,
Alliance Française de PARIS |
11 h - 11 h 30 | Pause |
11 h 30 - 12 h 15 | " La formation continue des enseignants,
maillage télévision et Internet " par Emmanuelle de PEMBROKE, IUFM de Paris |
12 h 15 | Synthèse et
clôture des XXIVèmes Rencontres par Michel MASSACRET, CIEP, Sèvres |
Contact: asdifle
Tél. et fax : 01 45 4416 89
Mél.:
asdifle@club-internet.frComité de rédaction
: Sandrine Billaud, Catherine Houssa, Catherine Le Hellaye, Simonne Lieutaud, Louis Porcher.Comité de publication
: Jean Alayrangues, Marie-José Barbot, Élisabeth Guimbretière, Michel Massacret.Mise en toile :
Alain Schneider