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Source : FPO-15/04/05 (mise à jour : 15/04/05) http://www.francparler.org/une/0305_paris.htm


Accueil > la Une > Compte rendu des rencontres de l'ASDIFLE, Paris, mars 2005

Les usages des TICE* en FLE/FLS

Ces rencontres, organisées par l’Association de didactique du français langue étrangère, se sont tenues le 18 mars à Paris**. La rédaction de Franc-parler a suivi pour vous cette journée.

Claudine Mühlstein-Joliette, de l’université Paris 3, a ouvert ces rencontres en présentant un état des lieux des relations entre les TICE et le FLE/FLS depuis 1997. Selon cette enseignante de FLE, la principale évolution se situe au niveau du passage du concept de NTIC à celui de TIC (dû à la généralisation des équipements informatiques, au développement des technologies), mais la transformation des modalités d’enseignement reste posée. L'utilisation des TICE est en effet peu souvent synonyme d’innovation : si les technologies ont évolué, les modes d’enseignement restent quant à eux le plus souvent axés sur la pédagogie classique de transmission des savoirs. Pour faire évoluer les usages des TICE dans l’enseignement, Claudine Mühlstein-Joliette a proposé plusieurs pistes : repenser l’utilisation des outils, inventer de nouvelles tâches, se conformer à une éthique des TICE (politique, institutionnelle, pédagogique et individuelle) et prendre en compte les différences culturelles.

Accès aux ressources existantes pour étudiants et formateurs

Thierry Lebeaupin, créateur et animateur d’un portail de ressources en ligne destiné aux enseignants et aux étudiants de FLE, est également revenu sur le problème de l’innovation pédagogique dans l’usage des TICE et plus particulièrement d’Internet. Pour que ce nouvel outil apporte une valeur ajoutée à l’enseignement du FLE et ne se contente pas de diffuser sur format numérique ce qui l’était auparavant sur format papier, il est nécessaire de s’interroger au préalable sur les intérêts pédagogiques de son utilisation. La construction de connaissances et l’autonomie de l’apprenant sont par exemple des objectifs qui doivent sous-tendre la conception d’activités reposant sur l’utilisation d’Internet.

Thierry Lebeaupin a proposé quelques pistes pour réussir l’intégration d’Internet en classe de FLE : préparer les apprenants au média Internet (les guider dans leur navigation), intégrer le Web dans le programme du cours, bien penser la configuration des salles informatiques, amener les apprenants à élaborer un cahier de suivi des sites visités, des objectifs visés, des progrès réalisés ou encore proposer des activités novatrices autour des tâches.

Christian Destarac, de l’Alliance française de Toulouse, a présenté une autre ressource pour l'enseignement / apprentissage du FLE : AF-Toulouse.net. Ce site met en ligne un ensemble de ressources pédagogiques (simulations, projets, activités…), basées sur l'utilisation des TIC. Ces ressources sont conçues, testées puis utilisées à l'Alliance française de Toulouse dans les cours en présentiel et semi-présentiel. De cette expérience, Christian Destarac a tiré quelques enseignements. Tout d’abord, il a souligné que l’utilisation des TIC avait des incidences sur les pratiques antérieures : organisation des cours, contenu des enseignements, pratiques de classe. Enfin, il a insisté sur le fait que l’utilisation d’internet doit être parfaitement intégrée dans un plan de cours et ne doit pas être assimilée à une récompense pour les apprenants et que cette utilisation doit aller de pair avec une expérimentation en situation.

Conception d’une formation : quel(s) outil(s) pour quels objectifs d’enseignement / apprentissage

Véronique Duveau-Patureau, consultante, est revenue sur les environnements nécessaires pour bien apprendre en e-learning. Les TICE et la Formation ouverte et à distance (FOAD), "cheval de Troie" des nouvelles pratiques pédagogiques, doivent répondre à de nouvelles questions et à la demande des étudiants qui veulent apprendre de manière plus efficace. Il est nécessaire de sortir de la logique "produit" pour atteindre la logique "service".

Une révolution copernicienne est en marche car s’il n’y a pas de valeur pédagogique des réalisations informatiques, il y a une contextualisation et les usagers donnent la valeur en fonction du service apporté. Cela repose donc sur les compétences des acteurs et c’est bien l’apprentissage qui est recherché.

Véronique Duveau-Patureau a ensuite présenté les attentes d’un apprenant en e-learning : une réelle valeur ajoutée des technologies dans le processus d’apprentissage ("sur mesure", disponibilité, interactivité, collaboration), un dispositif clair. Dans ce contexte d’apprentissage, cinq scénarios sont possibles : présentiel enrichi, présentiel amélioré, présentiel allégé, présentiel réduit, présentiel quasi inexistant.

Dans le cadre du e-learning, l’enseignant doit se former continûment, apporter une valeur ajoutée qui lui est propre afin de ne pas se substituer à d’autres spécialistes, travailler dans une équipe aux compétences diversifiées. Les compétences des formateurs pourraient donc se développer selon deux axes : apprendre à utiliser les TICE et concevoir un dispositif FOAD (via les processus suivants : analyse, construction, instrumentation, conduite et évaluation).

Le formateur doit pouvoir se positionner selon le Référentiel de bonne pratique (RBF), choisir sa place selon la FOAD, penser l’activité de l’élève et son parcours, être capable de réaliser les compétences de base (intégrer des ressources existantes, formaliser de nouvelles ressources, accompagner des parcours, évaluer, améliorer).

En conclusion, Véronique Duveau-Patureau rappelle que cet apprentissage collaboratif doit être continu et qu’il faut créer pour les apprenants un environnement compréhensible, multimédia, interactif, améliorable et partagé. La clé d’un meilleur apprentissage en e-learning est donc peut-être de partir des étudiants pour ensuite mutualiser.

Cécile Canon, auteur de Pegasus FLE, a présenté ce campus numérique pour la préparation en ligne du Test de connaissance de français et du Test d’évaluation de français, initié par l’université Sophia-Antipolis de Nice. Pegasus FLE est un environnement d’apprentissage en ligne proposant des contenus sous forme de cours médiatisés et un tutorat. La conception du contenu est définie par un comité de pilotage, à savoir des auteurs travaillant à distance sur le synopsis pédagogique et des informaticiens.

Dans ce projet, l’auteur a pour rôle de s’approprier le synopsis pédagogique, d'imaginer une mise en situation, de définir des supports d’exploitation pédagogique, de proposer des modalités d’évaluation, et d'exploiter les potentialités du multimédia. Les auteurs travaillant seuls et à distance, cela génère un manque d’uniformité dans le projet global car chaque auteur a sa conception, son interprétation et son exploitation du synopsis. Il y a donc, selon elle, un manque évident de travail collaboratif entre les auteurs et entre les auteurs et les informaticiens.

Retours d'expérience : utilisation sur des terrains éducatifs

Jérémie Mauger a présenté Telelangue, une école créée en 1981 et spécialisée dans la formation professionnelle linguistique. Depuis 1997, Telelangue propose des solutions d'e-learning associées à des cours traditionnels. Les cours collectifs en présentiel, basés sur un manuel, peuvent être doublés par des séances autonomes à domicile ou sur le lieu de travail grâce à des outils tels que cédéroms, internet, intranet, "CyberTeachers" ou encore "WebTools".

La combinaison de cours classiques et de séances en e-learning a plusieurs objectifs : maintenir la motivation du stagiaire en diversifiant les supports et les techniques, exploiter les moments creux d’une journée grâce à des "Flash lessons" de dix minutes et multiplier le nombre d’heures de formation sans que le stagiaire ait à se déplacer.

Cette méthode est donc essentiellement adoptée par des entreprises, qui souhaitent obtenir en peu de temps le maximum de résultats. L’efficacité de ces formations dépend donc étroitement de la motivation des stagiaires. L’intervenante classe leurs réactions en cinq catégories : la "proaction", l’implication, la participation subie, l’abandon et la résistance. Ces réactions peuvent tout autant être attribuées à la matière qu’aux outils, dans la mesure où le suivi du travail personnel par l’équipe encadrante est impossible et qu’il existe un manque de traçabilité des formations.

Dans le cas de la formation professionnelle, le e-learning est donc particulièrement adapté dans la mesure où il pallie le peu de disponibilité des stagiaires et la nécessité de devenir rapidement opérationnel, mais la réussite du stagiaire tient à sa capacité d’apprentissage en autonomie sur du moyen ou long terme.

Françoise Tauzer-Sabatelli est à l'initiative des cours de français pour personnels diplomatiques (Etats membres de l'Union européenne, pays candidats à l'adhésion…) développés par l’Alliance française de Bruxelles-Europe. Ces cours visent la compréhension écrite de la documentation courante et professionnelle, la compréhension orale d’exposés, de discours et d’émissions de radio et télévision, les interactions orales courantes et professionnelles ainsi que l’expression écrite (courriels, lettres, notes). Après avoir observé le fonctionnement d’autres formations à distance ainsi que les premiers résultats de cette formation, Françoise Tauzer-Sabatelli a fait évoluer le dispositif du tout à distance vers un système mixte, où le présentiel est davantage représenté. Le face à face est en effet un élément moteur dans la motivation du stagiaire et même si certains travaux sont naturellement effectués dans une perspective d’e-learning (correction des documents écrits par courriel), des rencontres régulières avec le formateur son également programmées.

Carolien Ackaert, du Limburgs Universitair Centrum, participe au projet Plurilingua, qui s’adresse à des cadres en contact avec des partenaires étrangers : ce public est non seulement confronté à des situations de communication plurilingue mais aussi à des contextes pluriculturels. Au-delà de la compréhension et de la connaissance de ces langues et cultures, il leur est donc nécessaire de les intégrer dans leurs propres compétences communicatives.

Plurilingua propose à cet effet des cédéroms spécialisés en fonction de la langue-source et de la langue-cible du stagiaire (français, allemand, anglais, espagnol, néerlandais, polonais, hongrois…). Ces supports d'auto-apprentissage ont une dimension interactive multimédia grâce à l’intégration de textes, d'éléments audio, d'images ou encore de liens vers internet. Ils ont pour objectif de renforcer les compétences communicatives à partir de langue et culture sources vers des langue et culture cibles au moyen d’exercices multimédia et de dialogues authentiques (plusieurs accents régionaux) assortis de points de référence (culture, grammaire, lexique thématique…) et d’un dictionnaire électronique.

Les compétences visées sont par exemple : interpréter les différences culturelles, nuancer, comprendre les sous-entendus, présenter votre entreprise ou encore participer avec aisance à des déjeuners d'affaires.

Kathryn English, de l'Institut national des télécommunications - Paris 2, est l’une des animatrices du projet Cultura. Ce projet a été conçu au Massachusetts Institute of Technology (MIT) à partir de 1997. Il propose une approche comparative interculturelle qui permet à des étudiants français et américains d'élaborer de manière progressive et collaborative leur connaissance et leur compréhension des valeurs de l'autre culture. Il est actuellement mis en place entre le MIT et l’Institut national des télécommunications à Paris.

La démarche consiste à faire soumettre à des étudiants américains et français des éléments des deux cultures présentés en vis-à-vis afin de les observer, de les analyser et de les comparer, puis de comprendre les raisons sous-jacentes aux différences qu'ils ont observées. La communication entre les deux groupes ainsi que la présentation des matériaux se réalisent via Internet.

Ces travaux s’appuient sur plusieurs outils. La première étape est constituée par des questionnaires : des associations de mots (liberté, famille, pouvoir…), des phrases à finir ("Un bon emploi est…", "Un bon policier est…", "Un véritable ami est…") et des réactions à des situations ("En ville, quelqu’un vous sourit…", "Vous rencontrez votre voisin…"). La lecture des résultats donne lieu à des échanges sur les forums. Les échanges se font dans la langue maternelle des étudiants afin de conserver la richesse culturelle et linguistique de la langue authentique. Les étudiants analysent ensuite une variété d'autres documents (films, sondages comparatifs publiés dans des revues internationales, œuvres littéraires, etc.) qui leur permettront d'élargir leur champ d'investigation et de vision.

La communication de Filomena Capucho et Claudine Mühlstein-Joliette a été repoussée au 21 ou 22 octobre 2005 à l’université Lille 3. Elle aura lieu lors des secondes journées 2005 de l’ASDIFLE : "Apprendre avec les multimédias, langues et cultures, formation ouverte et autoformation." Cette rencontre est organisée par Marie-José Barbot. Le préprogramme sera diffusé prochainement sur le site de l’ASDIFLE.

Table ronde des éditeurs FLE

Animée par Françoise Tauzer-Sabatelli, cette table ronde a posé la question de la confrontation entre la logique économique et la logique pédagogique pour les éditeurs de FLE dans le domaine des TICE.

Les éditions Didier proposent des documents en téléchargement et ont intégré Internet dans les méthodes mais estiment ne pas avoir trouvé le schéma économique adéquat pour les cédéroms (deux seulement ont été mis à la vente). Ce support est en revanche employé dans le cadre de la communication commerciale.

CLE International associe trois fonctions au cédérom : se substituer au livre, compléter le livre ou bien exister en tant que tel (cédéroms d’exercices par exemple). Les difficultés rencontrées tiennent aux circuits de distribution, qui ne sont pas les mêmes pour le livre et pour le cédérom. CLE souligne également le problème de la valeur accordée a priori aux supports numériques, qui semblent ne pas valoir autant que des ouvrages traditionnels.

Hachette signale que de nombreuses informations telles que les tableaux de contenu sont téléchargées sur son site. La maison d’édition a déjà fait l’expérience de la publication d’un cédérom mais elle n’a pas été concluante dans la mesure où ce cédérom n’était pas compatible avec le système d’exploitation Windows XP, sorti quelques mois plus tard (en remplacement de Windows 95, 98, ME, etc.). Hachette pose la question de l’apport du numérique au-delà de l’audio et de la vidéo et met en garde contre des cédéroms qui seraient de simples cahiers d’exercices numériques.

La rédaction de Franc-parler, avril 2005

Notes :

* Technologies de l’information et de la communication pour l’enseignement.
** Responsable : Claudine Mühlstein-Joliette.


Table des interventions

Source : FPO-15/04/05 (mise à jour : 15/04/05)


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