n° 36 - juillet 2000

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Association de didactique du français langue étrangère - 
101, boulevard Raspail, F-75006 Paris. Téléphone et fax : +33 (0)1 45 44 16 89


Chaque numéro de la Lettre de l'ASDIFLE est d'abord adressé aux adhérents de l'association, qui bénéficient de la primeur des informations.

Le mise sur le site intervient ultérieurement : adhérez, faites adhérer ! Au sommaire ce mois-ci :


Le Mot de la Présidente

L'année scolaire et universitaire 1999-2000 se termine, et, comme prévu, l'assemblée générale s'est réunie le 5 juin, afin d'élire un nouveau conseil d'administration, accompagné d'un nouveau bureau et d'un nouveau Président. C'est Jean-Pierre CUQ, professeur des universités à Aix-en-Provence, qui a été élu à l'unanimité. En conséquence cette lettre est la dernière que je vous adresse.

Je vous remercie tous vivement de votre aide, et de votre fidélité, en particulier celles et ceux qui ont participé directement, à mes côtés, au bon fonctionnement de l'association, qui se porte bien. J'ai été très heureuse de mes deux années de présidence et vous en suis encore reconnaissante.

Je souhaite une satisfaisante mandature aux nouveaux élus, et espère d'abord vous voir nombreux à nos Rencontres des 15 et 16 septembre prochain à Aix-en-Provence, afin de prolonger l'action de l'Association, en particulier dans le sens de la recherche qui constitue l'objet de ces 26es Rencontres.

Au revoir et amitiés.

Marie-José Barbot, 
présidente de l'asdifle

Les lundis de l'asdifle
Le 5 
juin 2000


Dans le cadre d'une démarche pluridisciplinaire, qui emprunte à la linguistique, à la sociologie et à l'histoire, mon travail souhaite apporter une contribution à la réflexion sur une discipline à "haute teneur idéologique" (Louis Porcher, La Civilisation, 1986), ainsi qu'à l'histoire de la didactique du français langue étrangère. I1 s'agit, pour moi, de montrer comment le remodèlement du paysage historique, dans les années qui ont suivi la deuxième guerre mondiale et les décolonisations, a eu, pour conséquence, une modification des représentations de la civilisation française, dans une revue créée sous l'impulsion du Ministère des Affaires étrangères, et qui faisait partie du dispositif global d'une politique culturelle impulsée par le Général de Gaulle. L'étude des titres des articles, de leur contenu, des documents et textes utilisés, des références bibliographiques, des auteurs de référence, m'a permis de cerner la manière dont s'était effectuée, dès les débuts de la revue, la mise en place d'un nouveau discours pédagogique tenu au nom de l'enseignement de la civilisation, plus conforme aux nouvelles donnes, engendrées par le repositionnement de la France sur la scène internationale et par sa "stabilisation au rang de puissance moyenne" (Pierre Nora, Les lieux de mémoire).

Etudier la façon dont s'était faite la transition entre ce nouveau discours et l'ancien discours conduisait à dessiner des enjeux et des oppositions, à identifier des familles de pensée, aussi bien que des traces de tension entre deux états du champ. Deux périodes ont pu ainsi être identifiées. La première, que j'ai intitulée "Entre tradition et modernité" (de 1961 à 1967), s'est caractérisée par le maintien d'un équilibre relatif entre deux types d'approche, l'une traditionnelle faisant largement appel à la littérature et l'autre sociologique, plus scientifique et démythifiante, dont la fonction, entre autres, a été précisément de remettre en question la littérature et de lui contester toute compétence à dire le vrai sur la réalité sociale. La linguistique et l'anthropologie, sans être absentes, étaient encore peu sollicitées. Guy Michaud, figure influente de cette première période, entouré de plusieurs collaborateurs, créateur de la revue Tendances et du CREC, a affirmé constamment la nécessité d'une approche pluridisciplinaire et synthétique de la civilisation. L'étude de ses articles fait apparaître une série de mots-clés que l'on retrouve également chez ses collaborateurs ainsi que cher. des auteurs qui ne travaillaient pas avec lui : "structure", "harmonie", "ensemble vivant", "organisme", "unité", "diversité", "personnalité", "âme". Ces mots-clés signalent des influences nombreuses, certaines récentes comme le structuralisme, d'autres plus anciennes comme l'organicisme ou encore les traditions géographique et historique françaises, en particulier celle de Vidal de la Blache, de Guizot et de Michelet.

La nomination de Guy Michaud à Nanterre, la disparition du CREC, la publication en 1967 d'un article déterminant de Francis Debyser : "Le rapport langue-civilisation et l'enseignement de la civilisation française aux débutants" ouvrent une seconde période (de 1967 à 1976), qui va permettre au BELC d'intégrer la civilisation à ses activités avec des orientations différentes. Francis Debyser va proposer un discours pédagogique et didactique, fondé essentiellement sur l'approche linguistique de la relation langue/ civilisation, qui prend la relève de l'ancien lien civilisation /littérature et dont les mots-clés seront "approche", "clichés", "images", "signification", "stéréotypes", "contenu culturel", "contexte socio-culturel", "système de signes", "connotation", "fait de civilisation", "attitude", "comportement". Les autres approches, sociologique et anthropologique, sont toujours présentes et s'affirment même plus nettement, en particulier l'anthropologie, mais à aucun moment, à la différence de la linguistique qui est alors en pleine expansion, elles ne contribuent à fournir des assises théoriques à l'enseignement de la civilisation. Ces approches nouvelles, en donnant leurs titres de noblesse à des pratiques culturelles jusque là dévalorisées, comme l'écriture journalistique ou la bande dessinée, ont conduit à une modification des critères de légitimation, à une remise en question des anciennes hiérarchies, à un renouvellement de l'approche de thèmes rebattus comme la cuisine ou la mode. La civilisation ne peut plus être une discipline ou une "science autonome" (Guy Michaud) mais elle dot s'intégrer dans la classe de langue et sous la tutelle de cette dernière.

Dans sa volonté continue de modernisation, la réflexion sur l'enseignement de la civilisation, menée dans la revue, s'est appuyée sur une redéfinition anthropologique du terme "civilisation", qui permettait de poser le principe de l'égale dignité des cultures et de ne pas prêter le flanc à des accusations d'ethnocentrisme. La modernisation a pris ainsi la forme d'un discours qui a dû satisfaire à une obligation de modestie, rendue nécessaire à la fois par la perte de prestige que la France a connue sur la scène internationale, par sa volonté de s'y maintenir en s'adaptant à une nouvelle situation et par l'évolution générale des idées et des mentalités.

Evelyne Argaud

Pour en savoir plus

Michaël BYRAM : Culture et éducation en langue étrangère, Hatier, LAL, 1992.

Daniel COSTE, Danièle MOORE, Geneviève ZARATE : Compétence plurilingue et pluriculturelle, Conseil de l'Europe, 1999.

Dominique GROUX (dossier coordonné par) : Apprendre des autres. L'éducation comparée, Cahiers Pédagogiques, n° 378, novembre 1999.

Geneviève ZARATE : Enseigner une culture étrangère,  Hachette, 1986.

Geneviève ZARATE : Représentations de l'étranger  et didactique des langues, Didier, 1993.

Parutions 

Marie-José BARBOT. Les autoapprentissages Clé, 2000.

Gilbert DALGALIAN. Enfances plurilingues. Préface de Harald Weinrich. L'Harmattan, 2000.

Michel DENISE et Martine GUERCHON (CIEP), Michel MASSACRET (MEN). La formation ouverte et à distance. Revue Internationale d'éducation. Numéro 23, Sèvres, septembre 1999.

Dominique GROUX et Louis PORCHER. Les échanges éducatifs. L'Harmattan, 2000.

Sous la direction de Dominique GROUX et Nicole TUTIAUX- GUILLON. Les échanges internationaux et la comparaison en éducation. Pratiques et enjeux. L'Harmattan, 2000.

Sous la direction du service de coopération et d'action culturelle de l'Ambassade de France en Irlande. L'avenir des études françaises dans l'enseignement supérieur en Irlande. Université de Limerick, 2000. Cet ouvrage est disponible auprès de l'ASDIFLE.
(40 FRF, chèque au nom de l'ASDIFLE)


Colloques 

Du 25 au 27 août 2000

Le français : perspectives à l'aube du XXIème siècle. A l'université de Laval à Québec. Pour tous renseignements, contactez : 
Carol Sanders
Department of LIS 
University of Surrey 
GUILFORD GU2 51H, UK 
Mél. : c.sanders@surrey.ac.uk 
Site web: http://www.unl.ac.uk/sels/afls/quebec.htm 


Les 27 et 28 octobre 2000:

Perspectives cognitives en linguistique appliquée et didactique des langues.

Ce troisième colloque international de la COFDELA (Confédération  française pour le développement de la linguistique appliquée) se déroulera à Avignon. Pour toutes informations 
http://u2.u-strasbg.fr/dilanet/cofdelcolllo3.htm 


Divers

Voici le nouveau Conseil d'administration de l'Asdifle élu le 5 juin 2000 :

Martine Abdallah-Pretceille, Geneviève Baraona, Marie-José Barbot, Patrick Beck, Françoise Bollonotte, Jean-François Bourdet, Henri Boyer, Gilles Breton, Alex Cormanski, Élisabeth Coste, Jean-Pierre Cuq, Michel Drouère, Pierre Frémont, Michèle Grandmangin, Dominique Groux, Élisabeth Guimbretière, Paule Kassis, Michel Massacret, Philippe Normand, Maguy Pothier, Véronica Pugibet, Françoise Tauzer-Sabatelli, Fatmata TurayDavidson, Michaël Wendt, Geneviève Zarate

BUREAU élu le 5 juin 2000

Président : Jean-Pierre Cuq
Vice-Présidentes : Marie-José Barbot, Michèle Grandmangin, Élisabeth Guimbretière, Geneviève Zarate
Trésorier Patrick Beck
Secrétaires : Françoise Bollonotte,
Paule Kassis
Responsable des Rencontres et des Lundis : Philippe Normand

 

Rappel :

XXVIes Rencontres de l'ASDIFLE

les 15 et 16 septembre 2000 à la Baume-lès-Aix (banlieue aixoise )

Thématique : "L'importance du FLE dans le dispositif de formation et de recherche et la politique internationale d'une université française"

Participation de Louis-Jean Calvet, Robert Chaudenson, Gérard Dufour..

Contact: asdifle
Tél. et fax: +33 (0)1 45 44 16 89
Mél. : asdifle@club-internet.fr 

Compte-rendu : Le lundi 15 mai 2000 à la Sorbonne

Présentation du Do.Ri.F.

Une première dans le déroulement des lundis de l'ASDIFLE puisque la rencontre du 15 mai s'est déroulée sous forme de visioconférence, à la fois dans les locaux prêtés par le service d'enseignement à distance, Télé 3, de l'Université de Paris 3, et au Palazzo Ciccolini de l'Université de Macerata, en Italie. S'est ainsi mise en place la dernière présentation prévue dans le cadre de la thématique de cette année Les réseaux européens en didactique des langues.

Le Do.Ri.F. ou Centro di Documentazione e di Ricerca per la Didattica della Lingua Francese nell'universita'Italiana tenait une journée d'études intitulée Ricerca, insegnamento e « ponte » Universita-Scuola suscitée par les nouvelles mesures prises en Italie en direction de la formation des enseignants. L'association en interrogeait les retombées en matière d'ouverture disciplinaire et méthodologique. Dix communications étaient à l'ordre du jour. Notre liaison par visioconférence intervenait dans le dispositif et s'est ouverte sur une communication d'Antonella Leoncini-Bartoli questionnant la notion de laboratoire dans ce contexte de formation et de recherche renouvelé.

Le Do.Ri.F. a plus de quinze ans et inscrit ses activités dans le cadre de l'enseignement du français en contexte universitaire, celui des Facultés de lettres, mais aussi celui des enseignements en sciences économiques et politiques qui ont depuis longtemps promu deux langues obligatoires dans le cursus des étudiants. C'est, entre autres, pour répondre à une demande émanant des enseignants ayant à assurer ce type de cours, que le Do.Ri.F. s'est constitué. Il allait de soi, à l'époque, pour les autorités universitaires, qu'un enseignant du secondaire détaché, qu'un professeur de littérature ou qu'un étranger natif avaient les compétences requises pour cette tâche, sans qu'une formation spécifique leur soit réservée. Les années 80 avaient vu apparaître l'opposition entre le français, langue de culture, et le français, langue de spécialité, et la création en Italie des concours de recrutement de professeurs de langue. Dans cet environnement, la création du Do.Ri.F. en 1983 avait pour finalité de résorber le clivage entre linguistes et non-linguistes, entre professeurs de littérature et professeurs de langue, entre spécialistes et non spécialistes et de s'ouvrir en direction des futurs enseignants soucieux d'aller au - delà d'une relation instrumentale à la langue.

Dans le cadre des activités du Do.Ri.F., sont nés un dictionnaire bilingue français / italien, une recherche sur les universaux, nourrie des approches anthropologiques et linguistiques, installant une analyse comparée du français et de l'italien. Un premier congrès en 1988 permettait d'ouvrir l'entrée, initialement franco-italienne, à d'autres langues. En maintenant cette expertise comparative et contrastive, les membres du Do.Ri.F. s'accordent à traiter la langue, enchâssée dans son histoire et dans son contexte social.

Nos remerciements chaleureux vont à notre correspondante italienne, Danielle Lévy, fondatrice du Do.Ri.F, qui hébergeait la rencontre, au Président de l'Université de Macerata qui a tenu à venir saluer l'ASDIFLE et à notre hôtesse, Claudine Muhlstein-Joliette qui a encadré le bon déroulement technique de cet échange sur le site parisien.

Geneviève Zarate

Comité de rédaction : Sandrine Billaud, Catherine Houssa, Catherine Le Hellaye, Simonne Lieutaud, Louis Porcher. 
Comité de publication : Jean Alayrangues, Marie-José Barbot, José Barbot, Elisabeth Guimbretière, Michel Massacret

Mise en ligne : A.Schneider